Pas-de-Calais : Découvrir l’Artois au fil de l’eau

Située à seulement 50 minutes en TGV de Paris, Arras vaut le détour pour sa richesse historique et culturelle. La ville constitue la porte d’entrée d’une découverte touristique à pied, à vélo ou en canoë-kayak de l’Artois, en longeant la Canche jusqu’à la Côte d’Opale.

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La destination se prête à de magnfiques balades, sur l’eau mais aussi sur la terre ferme en vélo ou VAE. ©Stéphane Jaladis

Samedi 27 septembre, des centaines de personnes étaient réunies dans une grande liesse populaire sur la grande place d’Arras à l’occasion de la troisième édition du Championnat du monde de la frite. Un évènement devenu incontournable dans le calendrier festif arrageois, et remporté cette année par un néerlandais.

La grande place d’Arras, théâtre du Championnat du monde de la frite

Joyau architectural, les deux places historiques du centre-ville constituent d’ailleurs le point de départ incontournable d’une agréable découverte de cette ville de 44 000 habitants située à seulement une heure de TGV de Paris-Gare du Nord.

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L’hôtel de ville d’Arras. ©Stéphane Jaladis

Datant de l’ère médiévale, chacune avait sa spécialité, le commerce des fruits et légumes pour la petite, également appelé place des Héros, celui des grains, le blé notamment, pour la plus grande (17 000 m2). Dominant la première, l’hôtel de ville a fière allure avec son beffroi haut de 72 mètres, classé comme ceux des Hauts de France au Patrimoine de l’Humanité de l’Unesco. Il fut au XVIème siècle à la fois tour de guet et symbole des libertés communales de cette ville de foires alors en Flandres espagnoles. Ne manquez pas d’admirer les géants remisés dans son hall. Tradition du Nord et hauts de 4 mètres, ils mettent à l’honneur le « petit » Dédé et ses parents, Colas et Jacqueline, un couple de maraichers qui évoque ce métier de la terre qui fit également la richesse de la ville. Ils ont été rejoints fin août par Mahaut d’Artois, sixième de la bande qui rend hommage à cette comtesse ayant vécu au XIVème siècle.

Monter au beffroi

La plateforme d’observation du beffroi est accessible par un tourbillonnant escalier et plus étonnamment en ascenseur, l’édifice cachant en réalité un squelette en béton armé. La maison des échevins et ses deux célèbres places aux maisons à pignons et fines arcades de style baroque flamand n’ont en effet pas survécu aux bombardements de la Première guerre mondiale comme 80% de la ville. Il faudra une minutieuse reconstruction à l’identique la décennie suivante pour que la ville retrouve tout son charme. L’œil s’amuse ainsi à déceler les ajouts art déco sur certains édifices, l’hôtel de ville en tête. Chaque 1er samedi du mois à 11h00 et pendant 30 minutes, un carillonneur y fait jouer les cloches qui rythmaient autrefois les journées des habitants. Si ces cloches contrebalançaient aussi celles très catholiques de la cathédrale, il est inutile de chercher un édifice gothique en cœur de la ville. Ce dernier a disparu bien avant le premier conflit mondial, détruit après la Révolution française car menaçant de s’effondrer, remplacé par une église des plus classique au XIXème siècle. Préservée, l’ancienne abbaye Saint-Vaast a, elle, été réaménagée pour devenir le Musée des Beaux-Arts qui abrite de riches collections allant de l’Antiquité à l’époque moderne dont de belles peintures du XVIème siècle et de l’école d’Arras constituée autour de Camille Corot. Il faut enfin y admirer les détails du plan relief de la cité, témoignage fidèle de son aspect en 1715.

Au cœur de la bataille d’Arras

Depuis l’hôtel de ville, vous pouvez aussi visiter les Boves, les anciennes carrières de craie situées 12 mètres sous terre qui furent utilisées de l’époque des foires médiévales à la Seconde Guerre Mondiale. La Carrière Wellington, le Mémorial de la bataille d’Arras vous plonge lui dans ces galeries de stockage qui donnèrent naissance à partir de 1916 à une véritable cité souterraine lorsque la ligne de front s’installa aux portes de la ville, défendue par les soldats anglais alors que les troupes françaises résistaient à Verdun. Mobilisant le Commonwealth, ces troupes britanniques furent rejointes par 450 mineurs Néo-zélandais dont l’une des villes donna son nom à ce site formant un réseau sous-terrain de 19 km où les soldats creusaient 12 mètres par jour pour passer sous les lignes allemandes. Quelque 24 000 soldats restèrent cachés ici une semaine avant de surgir derrière l’ennemi le temps d’une bataille sanglante qui ne donnera malheureusement pas les résultats escomptés. Depuis la carrière Wellington, un circuit à vélo d’une trentaine de kilomètres vous entrainera sur d’autres lieux liés à la bataille d’Arras.

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Musarder le long de la Scarpe. ©Stéphane Jaladis

Avant de quitter Arras, ne manquez pas de goûter ou d’emporter quelques-unes de ses spécialités dont le rat en chocolat, le souriceau étant l’emblème de la ville, le cœur d’Arras, un biscuit en pain d’épice, sans oublier l’andouillette élaborée ici avec du veau.

Hesdin, de l’Espagne à la France

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Beffroi d’Hesdin. ©Stéphane Jaladis

Le territoire des Sept vallées est étroitement lié aux rivières qui l’irriguent. Et d’abord la Canche dont les méandres traversent la bucolique Hesdin qui fut classée deuxième « Village préféré des Français » en 2022. Le nouvel Hesdin devrait-on dire d’ailleurs car le vieil Hesdin, troisième ville de foire derrière Arras et Saint-Omer à l’époque médiévale fut entièrement détruite en 1553 par Charles Quint lors de ses guerres contre François 1er. Construite à partir de ces ruines dès la fin du XVIème siècle, Hesdin fut d’abord une ville militaire pour tenir la frontière ce qui n’empêcha pas la cité de redevenir française en 1639 au terme d’un long siège. Si l’essentiel des fortifications ont été rasées en 1842, la ville a conservé d’importants témoignages de cette époque. Et d’abord sur la place de l’ancien marché aux grains son hôtel de ville à l’étonnante tribune datant de 1629 arborant le blason et une sculpture de Philippe IV d’Espagne. Remonté en 1878, son beffroi servait autrefois de cachot et de tour de guet.

Les rues typiques du Nord

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©Stéphane Jaladis

Au fil de notre déambulation, nous découvrons des rues typiques du Nord aux maisons de briques, des bâtiments liés à d’anciennes casernes ou abbayes. Ainsi l’hôpital Saint-Jean à la magnifique façade XVIIIème, l’hôtel particulier de Siougéat, lieutenant représentant le pouvoir du roi et l’église Notre-Dame où Louis XIII et le cardinal de Richelieu vinrent célébrer la prise d’Hesdin. Son mobilier provient du couvent voisin des Récollets détruit à la Révolution et ses vitraux furent créés au XIXème siècle pour la réouverture au culte de l’édifice.

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Façade classique d’Hesdin. ©Stéphane Jaladis

La maison natale de de l’abbé Prevost

Notre dernière étape à Hesdin nous mène jusqu’à la maison natale de l’abbé Prevost, le célèbre auteur de Manon Lescaut dont Puccini et Massenet ont contribué à la renommée. Si ses ancêtres étaient brasseurs comme nombre de familles à Hesdin afin de profiter de l’eau de la Canche, son père s’était élevé au rang de procureur du roi. Prête défroqué à la vie dissolue, l’abbé Prevost dut s’exiler en Angleterre pour échapper à la lettre de cachet éditée suite au scandale suscité par la publication de Manon Lescaut. Entièrement restauré avec soin, le lieu abrite aujourd’hui un atelier de céramique, un café littéraire, une chambre d’hôte et un gite faisant parfois office de résidence d’artistes. Une association locale y gère le centre culturel affilié à la Fédération des maisons d’écrivains, organisant des concerts, pièces de théâtre et lectures de contes, et assurant les visites au public.

Montreuil-sur-Mer la médiévale

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La citadelle de Montreuil-sur-Mer. ©Stéphane Jaladis

Surplombant la vallée de la Canche avec ses murailles qui courent sur 4 kilomètres, Montreuil-sur-Mer, 2 000 habitants aujourd’hui, est une ancienne place forte médiévale dont le port maritime a disparu au XIVème siècle suite à l’ensablement de l’estuaire. Les restes des bastions de la forteresse érigée par les comtes de Bar et du château royal de Philippe Auguste sont toujours debout, ouverts à la visite. Prise par Charles Quint, la « Carcassonne du Nord » a vu ses tours détruites en 1537 avant une reconstruction de la citadelle et un remaniement de la place forte sous Vauban.

Un grand son et lumière chaque été

Cet impressionnant décor sert de cadre chaque été à un grand son et lumière monté par 400 bénévoles dont 150 figurants. Joué les weekends fin juillet et début août, ce spectacle qui attire quelque 1500 personnes à chaque représentation célèbre l’histoire de la ville. Il rend aussi hommage aux Misérables, Victor Hugo situant entre ces murs la première partie de son célèbre roman suite à une visite effectuée en 1837.

Avec sa ville haute et basse, Montreuil est une cité de caractère qui se découvre à pied afin d’admirer la vue depuis ses remparts, sa grand place, ses ruelles romantiques et sa quarantaine d’hôtels particuliers aux belles façades XVIIIème siècle. Montreuil-sur-Mer est aussi une cité gastronomique qui cache un millier de couverts grâce à sa floppée de restaurateurs indépendants proposant des menus pour tous les goûts et pour toutes les bourses, jusqu’au double étoilé avec le chef Alexandre Gauthier. Ses restaurants la Grenouillère, l’Anecdote et le Grand’Place Café sont ainsi la vitrine culinaire de la ville.

Bouger

Riverside Park

Installé à Saint-Laurent-Blangy (à 10 mn d’Arras), Riverside Park profite du cours de la Scarpe. Le centre de loisirs propose des activités aquatiques à adrénaline avec du rafting et de l’hydrospeed sur un parcours aménagé de la rivière, à obstacles et débit d’eau variable. La partie classique et calme du cours d’eau est, elle, réservée à la pratique du canoë kayak, du padle, du pédalo et de la barque. Pour ceux qui veulent enchainer ou préfèrent la terre ferme, le Riverside Park permet de louer vélos, VAE ou VTT pour se balader et rouler pour les plus sportifs jusqu’à Douai (35 km) d’un côté et dans les campagnes de l’Artois de l’autre. 

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©Stéphane Jaladis

Le Petit Quentovic

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©Stéphane Jaladis

Du nom de l’ancien port de Montreuil-sur-Mer, ce loueur installé à Attin propose en saison (d’avril à fin septembre) de la location de bateaux électriques sur la Canche. Sans bruit, les embarcations glissent sur l’eau pendant une ou deux heures sous les ramures des peupliers et saules pour observer marins-pêcheurs, cygnes, hérons, rats musqués… De 4 à 6 places.

La Canche en canoë-kayak…

Que vous soyez débutant ou plus expérimenté, plusieurs opérateurs proposent des balades en canoë-kayak au fil de la Canche et de ses méandres cachés. Le club de Beaurainville permet d’embarquer à Guisy pour faire un parcours de 9 kilomètres, du Ternois à l’estuaire d’Etaples-Le Touquet, en toute autonomie en canoë biplace, en kayak monoplace ou paddle.

Le Canoë-Kayak Club Beaurainvillois propose lui deux parcours sur la Canche à travers le territoire des 7 vallées, de 8,5 kilomètres de Guisy à Beaurainville ou 12 kilomètres dans sa totalité entre Hesdin et Beaurainville. De façon autonome ou guidée, celui-ci est particulièrement original dans sa traversée de Hesdin passant sous les sept ponts de la ville.

… ou en deux roues

Pour les amateurs de randonnées, la vallée de la Canche compte plusieurs sentiers pédestres et cyclables dont sa Véloroute au fil de l’eau. Riverside Park propose de la location de VTT à la journée ou la demi-journée. Plus original, Trottevents organise des balades en trottinette électrique XXL au départ de plusieurs villes de la côte : Berck-sur-Mer, le Touquet, Montreuil-sur-Mer et Hesdin. Une activité que vous pouvez réaliser seul, en famille ou entre amis.

At Home Bière

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©Stéphane Jaladis

La bière fait partie de la culture et de la gastronomie dans les Hauts-de-France. La bière de mars ne venait-elle pas d’Arras ! Pour en connaître tous les secrets, il faut brasser sa bière, une activité originale proposée en quatre heures par At Home Bière à Athies (Arras). Trente-deux litres d’eau permettront ainsi de réaliser 20 litres de bière, le degré d’alcool dépend de la quantité de malt choisie, l’amertume de celle du houblon. La durée de la cuisson et surtout de la fermentation avec cinq semaines incompressibles en bouteille pour obtenir la pétillance et la mousse ne vous empêcheront pas de repartir avec un souvenir de ce breuvage, à boire avec modération bien sûr.

Ecouter

Si vous êtes fans de musique actuelles, ne manquez par le Main Square Festival qui réunit quelque 120 000 personnes pendant trois jours dans la citadelle d’Arras édifiée par Vauban. L’édition 2026 accueillera Orelsan le samedi 4 juillet et Twenty One Pilots le dimanche. Situé à 15 minutes à pied du centre-ville, la forteresse édifiée par Vauban se découvre via des visites guidées en juillet-août.

Dormir

L’hôtel de l’Univers

Situé à deux pas du centre historique d’Arras, cet hôtel 4* de 37 chambres à la décoration classique et élégante fait honneur à cette bâtisse édifiée en 1604 dont vous apprécierez la cour intérieure pour se restaurer ou prendre un verre. L’établissement propose des offres weekend sur son site

Natureza

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©Stéphane Jaladis

À Roeux, à seulement 10 kilomètres d’Arras, Natureza propose six habitats insolites en bois pour 2 à 4 personnes répartis sur un domaine de 5 hectares entourant un lac. A vous de choisir entre le chalet du pêcheur, la cabane du lac, celle du pêcheur, le nid douillet accroché dans les arbres, le chalet sur pilotis, la chambre de verre pour observer la voie lactée et Gaia, suite semi-enterrée aux allures de maison de Hobbit qui dispose de son propre espace spa. Le Domaine propose notamment des massages et des vélos électriques à la location pour explorer la région.

La maison de l’Abbé Prevost

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À Hesdin, vous pouvez dormir dans la chambre où est né l’abbé Prévost. Comptez 120 euros pour deux avec le petit-déjeuner. Des stages d’initiation de trois heures à la céramique sont également proposés dans la demeure natale de l’écrivain. Et pour les repas, nous vous conseillons la table du Café des Arts situé près de l’Office du tourisme.

Domaine de la Course

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Voici une adresse chic ouverte il y a deux ans par Catherine, la pétillante nouvelle propriétaire du château de Doudeauville, belle demeure toute blanche érigée par un écuyer du roi en 1781 avant de passer dans le giron de la famille du couturier Hubert de Givenchy puis d’être longuement abandonné. Rebaptisé Domaine de la Course, cette amatrice d’art contemporain y propose aux couples sans enfants -et sans animaux- d’agréables chambres d’hôte mêlant éléments patrimoniaux et objets design (à partir de 195 euros avec le petit déjeuner). Le royaume des familles est en effet situé au second étage aménagé en un grand appartement avec deux chambres disposant pour les adolescents de BD, DVD, tourne disque, babyfoot…  Enfin, « la Grange » a été transformée en studio avec kitchenette (200 euros la nuit) pour ceux qui veulent séjourner plusieurs jours afin de découvrir les caps, le Touquet, Wimereux, Montreuil-sur-Mer… Dans un environnement verdoyant et fleuri pour déconnecter, le Domaine de la Source met à disposition une petite piscine extérieure.

Le Château de Montreuil-sur-Mer

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©DR

Une adresse d’exception de 18 chambres de charme située sur les hauteurs de Montreuil-sur-Mer. Entourée d’un agréable jardin paysagé, la bâtisse des années 1930 a été édifiée par une riche famille d’origine anglaise sur le site d’un ancien château médiéval.

L’Auberge d’Inxent

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©Stéphane Jaladis

À la croisée des chemins menant vers Boulogne et Montreuil-sur-Mer, Inxent se dévoile comme un village typique de la vallée de la Course avec ses maisons blanchies à la chaux, aux fenêtres débordant de fleurs. Une carte postale prisée des touristes, britanniques en tête. On y fréquente surtout son auberge où l’on prend son temps pour apprécier son décor d’un autre temps, objets anciens et toile de Jouy aux murs, et sa table réputée qui met à l’honneur plats locaux et produits des fermes environnantes. La truite est pêchée minute dans le vivier situé au fond du jardin. L’auberge d’Inxent abrite 5 chambres de charme.

Stéphane Jaladis

Journaliste

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