Adrien, ultra-cycliste amateur : « Je me suis encastré dans l’arrière d’un Peugeot Rifter »

Parti depuis la baie de Somme en septembre 2021, j’ai parcouru 1 000 km à vélo en moins d’une semaine. Âgé de 19 ans et étudiant en journalisme sportif, j’ai eu l’occasion de visiter Bruxelles, Namur, les Ardennes, la Montagne de Reims ou encore Amiens et sa somptueuse cathédrale. Comme un besoin immédiat de fuir la crise sanitaire, afin de se reconnecter à l’essentiel et de se challenger sportivement. 

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Dressé sur trois pitons rocheux, le château fort de Bouillon (au centre de l’image) domine la ville et offre un magnifique panorama sur celle-ci.

Premier jour de voyage, il est 14h00. Cela fait presque cinq heures que je roule sous un soleil de plomb. La chaleur étouffante épuise mon organisme et me pousse à m’arrêter régulièrement afin de recharger mes gourdes. Après avoir grimpé le Mont Cassel et le Mont-des-Cats, j’attaque la troisième difficulté de la journée située à la frontière franco-belge : le Mont Noir. Arrivé au sommet, j’amorce une légère descente en ligne droite. Je rattrape rapidement un automobiliste tout en veillant à garder mes distances de sécurité. J’engrange de la vitesse, et me rapproche finalement du conducteur. Quelques secondes plus tard, quelle surprise d’apercevoir les feux arrière s’illuminer et entrevoir la voiture freiner brutalement en face de moi ! D’autant plus que mon compteur affichait environ 35 km/h…

Dans un élan de panique et d’adrénaline, je freine à mon tour, tant bien que mal. Alors que ma vitesse peine à réduire, je me rapproche dangereusement de la voiture, toujours arrêtée au milieu de la chaussée. Finalement, l’inévitable se produit : mon vélo et moi-même viennent s’encastrer dans l’arrière du Peugeot Rifter. Je chute alors lourdement sur l’ardent et brûlant asphalte. Après cinq heures de selle et 110 kilomètres, il s’agit certainement de la fin de ce voyage. Déboussolé et sous le choc, je vois le conducteur accourir pour prendre de mes nouvelles. Mon épaule craque et me fait légèrement souffrir, mais rien ne semble casser. Pas même mon vélo de route, la roue avant étant seulement voilée. Après avoir essuyé mes traces de transpiration à la suite de l’impact sur la vitre arrière, je décide alors de repartir à l’aventure. 

À la découverte de soi-même et du monde

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Le Mont Cassel, réputé pour son moulin, domine la pleine des Flandres maritimes et belges à 176 mètres d’altitude. ©Adrien Leroux

Quelles sont les raisons qui m’ont poussé à parcourir seul plus de 1000 km en six jours à la force de mes jambes et frôler l’hospitalisation ? Pourquoi m’infliger de telles souffrances physiques et surtout mentales ? La crise du Covid-19 et ses multiples confinements m’ont poussé à la réflexion et à l’introspection. Une introspection m’invitant à reconsidérer et à me questionner ce qui compte réellement pour moi. Ce qui me fait sentir vivant. Avec l’innovation, nous vivons aujourd’hui de manière très confortable, voire même assistée. Tellement confortable que nous perdons parfois le goût de l’effort et de la confrontation au danger. Une sorte de complaisance dans une zone de confort où il serait absurde et irraisonné d’en sortir. Le progrès technologique vise à améliorer notre qualité de vie. Mais à terme, il nous immobilise. 

Voici pourquoi j’ai choisi le voyage à vélo. Une formidable alternative pour tenter de fuir les travers de la société. Un vélo, deux sacoches contenant un vêtement de pluie, un cuissard et un maillot long, deux paires de chaussettes, l’essentiel du kit de réparation, de soins et c’est tout ! Voici l’esprit minimaliste du voyage à vélo. Plus vous transporterez, plus vous souffrirez. Pour ma part, mon Orbea AVANT M30 TEAM-D ne dépassait pas les 16 kg. Et avec seulement une légère fissure sur la fourche à la suite de mon accident, la robustesse et la solidité de cette bicyclette ne sont plus à prouver. 

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Vue depuis le sommet de la citadelle de Namur, forteresse historique classée « Patrimoine exceptionnel de Wallonie ». ©Adrien Leroux

Un défi physique mais surtout mental

A la suite de mon accident, 40 km me séparaient de Warwick, première étape située à la frontière belge. Pour ce périple, j’ai décidé de voyager le plus léger possible. Pas de tente donc, mais un accueil chaleureux de la part de ma famille et de mes amis tout au long du parcours. Après un détour de cinq kilomètres, une épaule endolorie, une roue voilée, un mal de tête ainsi qu’une fièvre croissante causée par un début d’insolation, j’arrive finalement à bout de cette éprouvante première journée. Assommé par la fatigue et la fièvre, je succombe rapidement et me réveille finalement dix heures plus tard. Fort heureusement, sans la moindre séquelle. Néanmoins, avec cette roue tordue, je ne peux continuer l’aventure sereinement. Je peux cependant compter sur la générosité de ce garagiste qui, gratuitement, dévoile ma roue. Prochaine étape : Bruxelles. 

Arrivé en Belgique, je ne peux que me réjouir des infrastructures cyclables. Chaque ville traversée dispose de voies exclusivement réservées à la petite reine. De quoi rouler de façon nettement plus sereine qu’en France où les pistes cyclables se font souvent désirer. Côté paysages et nature, cette journée fut d’une extrême pauvreté. Courtrai, Audenarde, Alost… Les villes et le béton se succèdent et se ressemblent, la végétation se fait rare. Après 125 km, Bruxelles est en vue. Son trafic urbain également.

Mais à l’issue d’une journée marquée par la monotonie des paysages, je suis ravi de retrouver mes hôtes et amis. La rencontre et le contact humain me maintiennent psychologiquement en vie.  L’idée de retrouver des personnes que l’on aime après 8h de vélo en solitaire est réconfortante, fortifiante et vient justifier chaque jour les milliers de coups de pédale. 

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La cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, datant du XIIIe, fait partie des monuments les plus emblématiques de la ville de Bruxelles. ©Adrien Leroux

L’Homme et sa bienveillance

Après la morosité ambiante de cette deuxième journée, place au soleil et à la végétation luxuriante des Ardennes et de la Meuse ! Il en est également terminé des routes plates et monotones. Le dénivelé positif pointe le bout de ses pourcentages. Mais avant ça, je vous recommande cette formidable balade le long de la Meuse, entre Namur et Dinant. Une piste cyclable en assez bon état, accessible aux vélos de route et leurs pneus fins, longe le fleuve. Avant, une très belle ascension jusqu’au sommet de la citadelle de Namur vous offrira une vue splendide sur la ville. Gare à la descente, ponctuée et parsemée de pavés rugueux. Vous rejoindrez ensuite la vélo route et ses magnifiques falaises qui entourent la Meuse. Située à la frontière franco-belge, je vous conseille vivement la ville de Bouillon et son château médiéval en très bonne état, datant probablement du VIIIe siècle.

Lorsque la beauté des paysages laisse à désirer, vous pouvez compter sur les formidables rencontres que seul le voyage à vélo peut vous offrir. Plus qu’une source de motivation, le contact humain peut s’avérer être un véritable booster mental. Car oui, lorsque 190 km sont à parcourir en une journée, vous avez parfois l’occasion de vous confronter à votre pire ennemi : la solitude. Longues lignes droites, champs à perte de vue, topographies plates et monotones… Plus qu’un défi physique, il s’agit d’un véritable défi mental. 

Une rencontre m’a particulièrement marqué pendant cette aventure. Sur la route de la Montagne de Reims, je me souviens de ce couple de septuagénaire, roulant côte à côte face au soleil couchant. Quel plaisir de discuter avec deux passionnés de cyclisme après six heures de solitude ! Quel plaisir de sentir leur intérêt et leur bienveillance à mon votre égard ! Quel plaisir de les voir s’arrêter auprès de ce pommier pour en recueillir le fruit et me l’offrir !  Ce n’était qu’une pomme, mais elle détenait une saveur si particulière. Une saveur d’humanisme et de générosité. Cette sphère sucrée était l’incarnation et le symbole d’une bienveillance et d’un humanisme que je peinais à retrouver chez l’être humain. Nos chemins se séparèrent, mais je repartais avec le ventre plein, et surtout, avec un mental gonflé à bloc.

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À sec lors d’une canicule ? Vous pouvez compter sur la générosité d’un menuisier et de son acolyte ! 

Un voyage spirituel

 

La fin de mon aventure fut rythmée par de nombreux lieux incontournables à l’image des vignes de la Champagne Ardennes, la Montagne de Reims, le château de Chantilly ou encore la cathédrale d’Amiens. Six jours après mon départ, je retrouve alors la baie de Somme, ma terre natale. Que ressentons à l’issue d’une telle aventure ? De la fatigue physique vous diront certains. Certes. Le sentiment surtout de s’être élevé mentalement et philosophiquement. Le sentiment d’avoir roulé un peu plus sur le chemin de la connaissance de soi. Le sentiment de s’être reconnecté à l’essentiel : le minimalisme, le contact humain et la nature. Ce voyage m’a montré à quel point l’humain était naturellement bienveillant et généreux.  J’ai également appris à fuir le superflu causé par l’hyperconsommation, et simplement me délecter de quelques gorgées d’eau. Hautement appréciable lorsque vous êtes à sec depuis une dizaine de kilomètres sous une intense canicule !

Quelle est grande la fierté et la satisfaction d’avoir parcouru 1000 km à la seule et unique force de ses jambes ! Dans une société où l’instantané et l’immédiateté priment, le vélo permet de ralentir la cadence, d’observer, de rencontrer mais aussi et surtout : de méditer. Ce fut un défi sportif, mais par dessous tout une occasion de s’ouvrir aux autres, et à soi-même. Axel Carion, grand explorateur français et fondateur des courses BikingMan – championnat du monde d’ultra-cyclisme – déclarait : « La vie est une prise de risque permanente. J’espère à mon échelle encourager les gens à tenter et à se rendre compte qu’ils sont capables de réaliser des choses formidables. La technologie idéale pour ça, c’est le vélo ! ».

Les incontournables :

  • La baie de Somme

Classée parmi les plus belles baies du monde aux côtés des baies de San Francisco ou d’Halong, la baie de Somme est un site naturel d’exception.

  • Le Mont Cassel

Capitale de la Flandre maritime, alors que Lille est la capitale de la Flandre wallonne, la commune de Cassel se trouve sur le point culminant des monts de Flandre : le Mont Cassel (176 mètres d’altitude). Au sommet de ce mont se trouvent un ancien moulin à vent ainsi qu’un estaminet proposant de bonnes spécialités flamandes. 

  • Bruxelles

L’Atomium, La Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, le Manneken Pis… Vous trouverez dans la capitale belge bon nombres d’activités et de monuments à visiter. 

  • Namur

Capitale de la Wallonie, Namur abrite une formidable citadelle, forteresse médiévale dotée de jardins et d’une vue panoramique sur Namur et la Meuse qui traverse le cœur de la ville. 

  • Le Château fort de Bouillon

Visitez l’un des plus grands châteaux forts de Belgique et embarquez pour un voyage à travers plus de 1000 ans d’Histoire.

  • La Montagne de Reims

Plaines agricoles, vallées, forêts et collines couvertes d’un vignoble d’exception… la Montagne de Reims se dessine telle une nef posée sur la plaine de Champagne. Partez à la découverte du Parc et de ses 4 régions paysagères aux identités bien singulières !

  • Château de Chantilly

Le château de Chantilly est l’un des joyaux du patrimoine français. Le château a traversé les siècles tel que le duc d’Aumale l’a offert en 1886 à l’Institut de France : l’occasion rêvée d’entamer un voyage dans le temps en plein cœur d’une demeure princière.

  • Cathédrale d’Amiens

Surnommée la bible de pierre, la cathédrale Notre-Dame d’Amiens est le plus vaste édifice gothique de France. Cette œuvre élégante et légère dont la haute technicité défie les lois de la pesanteur est monument historique depuis 1862 et inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1981.

L’équipement essentiel : 

Sécurité :

  • Cadenas
  • Casque
  • Lunettes avec verre transparent et verre de soleil
  • Carte bancaire 
  • Argent liquide
  • Passeport
  • Bandes réfléchissantes
  • Couvertures de survie
  • Gilet réfléchissant

Santé :

  • Brosse à dents et Dentifrice
  • Paracétamol
  • Désinfectant

Electronique :

  • Power bank (15 000mah minimum)
  • Cable Smartphone
  • Cable Compteur
  • Petit couteau multi fonctions
  • Lampe Avant et arrière
  • Lumière Frontale
  • 2 gourdes minimum pouvant accueillir un volume 1,5 litre au total.

Outils :

  • Des sacoches étanches (Apidura)
  • Multi tools
  • 2 chambres à air
  • 3 démonte pneus
  • Pompe 
  • Rustines et colle
  • 3 serflex (colliers de serrage)
  • Démonte chaîne et attache rapide

Je recommande : 

  • Le Garmin edge 830. Une autonomie de 12 heures, un GPS précis ainsi qu’un détecteur d’accident envoyant automatiquement un message à vos proches lorsque vous vous stoppez brutalement, le Garmin edge 830 a grandement facilité et sécurisé mon voyage. 
  • Le Radar garmin Varia™ RTL515. Placé à l’arrière, ce radar détecte les voitures sur le point de vous dépasser et déclenche un signal sonore sur votre compteur pour votre plus grande sécurité. 
  • Les pneus Vittoria Zafiro IV 700×28. Après plus de 2000 kilomètres sans crevaison parcourus sur la route et les chemins non asphaltés, je ne peux que recommander les pneus Vittoria Zafiro IV. 

Récapitulatif parcours :

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1 050 km, 48 heures et 9 000 mètres de dénivelé positif. 

Adrien Leroux

Étudiant de 3ème année en management sportif et en journalisme à l'École Supérieure de Journalisme de Lille

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