La France de juillet, celle qu’on aime
Juillet, le mois des vacances et du… Tour de France. Alors que la 112ème édition touche à sa fin, l’auteur Geoffrey Lieutaud nous plonge dans le destin d’un champion en devenir. Une bio-fiction captivante, où Lenny, un héros profondément humain et attachant, nous embarque depuis son Aveyron natal jusqu’aux routes de la Grande Boucle, non sans obstacles. Un roman publié aux éditions Amphora, qui mêle avec brio l’univers du cyclisme à des thématiques universelles comme la persévérance, l’amitié, l’amour et la quête de soi.
Encore un livre sur le vélo ? Oui, mais celui-ci se distingue. Geoffrey Lieutaud s’attaque à un genre peu courant : la bio-fiction sportive. Un mélange subtil de réel et de fiction, qui permet de s’immerger dans la tête du héros. On vit ses rêves, ses doutes, ses douleurs. On entre dans l’intimité du peloton. Et ça fonctionne. D’autant plus si, comme moi vous êtes passionné de vélo.
Un autiste Asperger pour succéder à Bernard Hinault ?
Nous sommes en 2027. Cela fait 42 ans que la France attend un successeur à Bernard Hinault. Lenny Bousquet, né le 27 août 2004 à Villefranche-de-Rouergue, pourrait bien incarner cet espoir. Un destin presque scellé dès la maternité. En effet sa mère, alitée en fin de grossesse, est contrainte de suivre le Tour à la télévision en compagnie de Michèle sa voisine de chambre, fan inconditionnelle de la Grande Boucle.
Très jeune, Lenny se rêve journaliste sportif, avant que l’appel du vélo ne le rattrape. Dans les paysages contrastés de l’Aveyron – ses monts, ses gorges, ses plateaux et ses routes escarpées -, il gravit les échelons un à un – benjamin, minime, cadet, junior. Le tout sous l’œil bienveillant de son mentor, l’ex-pro David Moncoutié. Mais rien n’est simple. Diagnostiqué autiste Asperger, le jeune homme doit aussi composer avec des relations sociales parfois compliquées.
Dans la roue de Lenny, on apprend sans s’en rendre compte
Ce qui séduit dans ce roman, c’est la montée en puissance de Lenny, racontée avec précision et pédagogie. En filigrane, le lecteur découvre les coulisses et les codes du monde cycliste : le matériel, la nutrition, les capteurs de puissance, les salaires… Rien n’est laissé au hasard. Même le dopage est évoqué. Tout comme la dimension touristico-sportive de la Grande Boucle qui « transforme un tourisme de passage en tourisme de destination ». En fait, on apprend beaucoup sans jamais décrocher.
En 2025, Lenny passe professionnel au sein de la France Cycling Team (FCT), dirigée par Anthony Bourbon… et Tony Parker. Un pas de plus vers son rêve ultime : gagner le Tour de France. Petit clin d’œil du destin, il porte le même prénom qu’un autre grimpeur français bien réel, Lenny Martinez de l’équipe Bahrain Victorious, lui aussi perçu comme un crack du cyclisme.
Sous la direction de Tony Parker, Thibaut Pinot de retour
Autour de Lenny Bousquet gravitent d’anciens champions, Laurent Jalabert en directeur sportif assisté de Yoann Offredo. Et même Thibaut Pinot sorti de sa retraite pour épauler l’équipe dans sa quête du maillot jaune. Mais la route est longue. L’ogre Pogacar domine toujours la discipline. Et comme si la pression n’était pas suffisante, l’amour vient s’en mêler. Une rencontre pleine d’émotion qui pourrait bien tout bouleverser. Car dans le vélo comme dans la vie, parfois, c’est le cœur qui dicte les jambes.
À quand le Tour au patrimoine mondial de l’Unesco
Au fil des pages, Geoffrey Lieutaud rend aussi hommage à cette France de juillet, populaire, bigarrée, joyeuse, qui attend le passage de la caravane publicitaire avant celui des coureurs. « Sur le bord de la route, tout le monde se ressemble. Jeunes, moins jeunes, retraités, étudiants, chômeurs : torse nu, en short et en espadrilles, un bob sur la tête, un gobelet à la main et les boules de pétanque dans l’autre, la mixité sociale, la vie, la vraie. Tous sont là pour vivre le dernier grand spectacle gratuit au monde », écrit l’auteur. Et de s’interroger, « À quand le classement du Tour au patrimoine culturel immatériel mondial, au même titre que la gastronomie française ? Elle le mériterait, la France de juillet ».
Car oui, cette France de juillet, on l’aime. « C’est une fabrique à souvenirs intemporelle et intergénérationnelle. Une parenthèse sacrée dans l’imaginaire collectif car vécue comme un véritable retour aux sources, un plongeon dans l’enfance », écrit encore l’auteur.
Un roman initiatique et populaire
Avec « La France de juillet », Geoffrey Lieutaud signe un ouvrage intimiste, documenté et profondément vivant. « Passionné de sports et plus particulièrement de cyclisme et du Tour de France depuis mon enfance, j’ai vibré dans les années 90 devant les exploits de Jalabert, Virenque et autres Pantani qui étaient mes héros. Près de trois décennies plus tard, c’est donc tout naturellement dans cet univers du peloton que j’ai voulu planter le décor de mon premier roman », confie-t-il.
En 23 chapitres, on s’identifie à ce héros provincial, discret, à l’écart du monde, mais habité par un rêve tenace. « La France de juillet », c’est une encyclopédie romancée du cyclisme, une madeleine de Proust où chacun retrouvera un souvenir d’enfance, un été en famille, ou ces heures passées à attendre au bord de la route, ou suivre la course à la télévision. Un roman initiatique et populaire, qui mêle l’histoire du vélo aux grandes émotions de la vie. On le recommande chaleureusement.
« La France de juillet »
Par Geoffrey Lieutaud
Aux éditions Amphora
En librairie depuis le 5 juin
338 pages, 20 euros
