« Arrêtez de prendre le sport amateur pour du divertissement »

A l’origine du groupe « Les Sportifs en Détresse » sur Facebook, Jason Lorcher, un ancien hockeyeur de haut niveau, ne cache pas son agacement face à la gestion du sport par le gouvernement. N’hésitant pas à égratigner ce dernier, il demande à ce qu’on cesse de prendre le sport amateur pour du divertissement.

« Arrêtez de prendre le sport amateur pour du divertissement » 1
Jason Lorcher, un ancien hockeyeur de haut niveau à l’origine du mouvement « Les Sportifs en Détresse » ©DR

Ancien hockeyeur de haut niveau, à Rouen ainsi qu’en équipe nationale, aujourd’hui directeur commercial d’un fabricant de matériel sportif en Normandie, Jason Lorcher n’a pas la langue dans sa proche. « Je suis sans filtre et je parle au nom des gens » déclare-t-il d’entrée de jeu.

La pétition qu’il a lancé début mars pour plaider la cause du sport amateur et demander sa reprise a recueilli 34 000 signatures, des sportifs de haut niveau, mais aussi des médecins, des cardiologues ou encore des parents d’élèves. L’effet n’est pas neutre puisque Roxana Maracineanu, ministre déléguée aux Sports, a pris le soin d’y répondre. Une réponse convenue et polie qui ne contente pas les « 35 millions de pratiquants et les 17 millions de licenciés dans les clubs ». Sénatrice de la Seine-Maritime, Céline Brulin, s’est même emparée du sujet à la tribune de l’institution le 24 mars dernier, réclamant « les conditions de la reprise dans le respect des règles sanitaires ».

« Roxana, c’est une sportive, pas une politique »

« En fait, explique Jason Lorcher, les politiques sont déconnectés de la réalité, ils ne sont pas sur le terrain ». Quant à Roxana Maracineanu, « je la plains car c’est un fusible. C’est une sportive, pas une politicienne. Elle ne maitrise pas les codes et ne décide de rien malgré sa bonne volonté ». Comme le mentionne le texte de la pétition, « le monde associatif est sur la corde raide. Combien de sportifs déroutés, de clubs et associations au tapis, de bénévoles sans avenir va-t-on retrouver » peut-on lire. Oui le monde amateur déplore que le sport ne soit pas considéré comme « l’un des piliers les plus importants de la vie humaine ». « Je ne suis pas un spécialiste de la santé mais il y a aujourd’hui suffisamment d’études qui démontrent que le sport sauve des vies » souligne l’ancien joueur des Dragons de Rouen.

Jason Lorcher va plus loin dans son raisonnement, « pour des gamins de 15, 16, 17 ans, c’est scandaleux ce qui est en train de se passer, car ce qu’on n’acquiert pas à cet âge, c’est fini, on ne le rattrape pas ». « Je suis triste, poursuit le trentenaire, de voir tous ces gamins privés de sport. Ils ne vont pas s’inscrire au club de basket ou de hand l’année prochaine parce qu’ils auront pris un abonnement à Netflix ou sur Fortnite ». Demeurer sur son canapé devant sa télévision ou tremper son t-shirt de sueur, le choix est vite fait.

« Ya juste que le sport on s’en fout »

On peut effectivement s’interroger sur la manière dont est considéré le sport. Surtout si l’on regarde la série « Le Remplaçant » sur TF1. En effet le prof de français incarné par Joey Starr préfère emmener un élève en CDI demander des livres alors que celui-ci devrait être en cours de sport. Comme l’écrit avec raison notre consœur Chrystelle Bonnet dans l’Equipe, « entre stimuler ses neurones au CDI et stimuler son système cardio-vasculaire en EPS, la question, elle est vite répondue ». « Ya juste que le sport on s’en fout » écrit-elle encore. Et de préciser que « c’est bien la peine de nous bassiner avec des « Mangez, bougez », des « Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière » et des « Faites du sport » à chaque fois qu’il y a un demi-glucide dans une pub ».

« Arrêtez de prendre le sport amateur pour du divertissement » 2
Le sport, « une soupape de décompression, indispensable dans nos vies rythmées ».

On ne le répète jamais assez, la sédentarité est la cause de bien des maux : obésité, problèmes cardio-vasculaires, anxiété… « Le sport, c’est un protecteur pour la société, pour le corps des gens et pour leur immunité… si on leur enlève, ils se décomposent et ça je le constate tous les jours sur le terrain » indique Jason Lorcher.

Quant au mortifère principe de précaution brandi depuis maintenant plus d’un an, Jason Lorcher a aussi sa réponse, « il y a 80 000 morts du tabac chaque année en France et on laisse les bureaux de tabac ouverts. Combien de décès aussi de la malbouffe, de victimes liées à la sédentarité ». « Il faut arrêter avec le Covid. Les jeunes, ils ont plus de chance de mourir d’un accident de moto que du Covid » poursuit le jeune trentenaire.

« Décalage énorme entre ceux qui gèrent des masses et celui qui gère sa vie »

Affligé par « le décalage entre le gouvernent qui gèrent des masses et les gens qui gèrent leur vie », Jason Lorcher ne comprends pas non plus l’incitation au port du masque sportif. « Allez mettre un masque sur le visage de quelqu’un qui fait de la course à pied, du cross fit ou du hand, ça n’a pas de sens. Le masque, c’est un scandale, une mascarade » déclare-t-il. Selon lui, il faut « arrêter de prendre le sport amateur pour du divertissement » car ne l’oublions-pas « le sport amateur est bien souvent une rampe de lancement vers le monde professionnel ». Et puis, martèle encore le jeune homme, « pour plein de gens, le sport est nécessaire à leur équilibre physique et mental. Dans nos vies rythmées, c’est une soupape de décompression indispensable ».

En résumé, l’initiateur de la pétition et du groupe sur les réseaux sociaux « Les Sportifs en Détresse » ne veut pas tant parler des aides financières mises en avant par le ministère des Sports mais demande simplement à ce que les gens puisse juste pratiquer leur sport. Après plus d’un an de privation et de frustration, il en va de leur survie. « Ce combat, je ne mène pas pour moi mais pour les autres » conclut Jason Lorcher.

Jean-Michel Blanquer et Roxana Maracineanu prolongent l’aide au secteur du sport pour le premier semestre 2021

(Nous publions ici in extenso le communiqué du ministère)

Depuis le début de la crise sanitaire, l’Etat apporte un soutien massif au monde du sport qui est particulièrement affecté par les mesures de restriction nécessaires à la lutte contre la propagation du virus.
Au travers de l’activité partielle, du recours aux PGE ou au fonds de solidarité notamment, plus de 3 milliards d’aides ont déjà été alloués au secteur sportif. A ces aides de droit commun s’ajoutent des dispositifs complémentaires, annoncés par le Président de la République en octobre 2020, à l’adresse du sport professionnel, du monde amateur mais aussi du secteur marchand.
S’agissant des entreprises du secteur marchand, l’aide complémentaire au fonds de solidarité destinée à couvrir les charges fixes (jusqu’à 70 voire 90%) est désormais engagée. Cette aide concernera les structures dont le chiffre d’affaires est supérieur à 1M€ par mois ou les entreprises plus petites de certains secteurs, comme les loisirs indoor ou les salles de sport. Elle couvrira le premier semestre 2021.
S’agissant des associations sportives, les modalités de déploiement d’un Pass’Sport doté de 100 M€ sont en cours de finalisation pour une entrée en vigueur à la rentrée sportive 2021. Cette aide à la prise de licence représentera un soutien massif pour les clubs sportifs amateurs.
Enfin, pour le sport professionnel, le fonds de compensation de la perte de billetterie doté de 107M€ destiné à couvrir les pertes des clubs et organisateurs de manifestations sportives sur la période 2020, est largement engagé. Sur les 305 dossiers retenus par la Direction des Sports, une grande majorité des bénéficiaires a reçu un premier acompte de l’aide à hauteur de 70%.
Toutefois, la crise sanitaire perdurant, ces clubs continuent de faire face à une perte massive de leurs revenus en raison du maintien du huis clos. C’est pourquoi Jean-Michel Blanquer et Roxana Mraracineanu  annoncent la prolongation de cette aide sectorielle pour le premier semestre 2021.
Un travail interministériel est donc en cours pour définir les modalités de cette prolongation, le périmètre des bénéficiaires restant inchangé. Le critère retenu pour définir le montant de l’aide complémentaire restera principalement le taux de dépendance à la billetterie.
S’agissant de l’encadrement des aides publiques, le décret relevant de 800.000€ à 1,8M€, le plafond des aides d’Etat autorisées par structure, au titre de certains dispositifs comme les exonérations de cotisations, a été publié au Journal Officiel ce mardi 13 avril 2021. Cette mesure va permettre aux entreprises, les clubs professionnels notamment, de mieux bénéficier des aides de continuité économique mises en place par le Gouvernement pendant cette crise ».

David Savary

Rédacteur en chef
Contact: david.savary@sport-et-tourisme.fr

S’abonner
Notifier de
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires

La Newsletter de Sport et Tourisme.

Chaque semaine, nous vous envoyons une sélection d'articles consacrés au tourisme sportif.

RECEVOIR LA NEWSLETTER