Morgan Bourc’his : « J’ai pensé vivre aux Açores »

A 42 ans, Morgan Bourc’his, triple champion du monde d’apnée, poursuit sa carrière d’athlète tout en dirigeant une entreprise qui lui permet d’organiser des stages, donner des conférences ou encore des activités de team building. Engagé dans la protection de l’environnement, il voyage pour avoir des interactions à la nature.

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Morgan Bourc’hi’, trois titres de champion du monde. Sa spécialité : le poids constant sans palmes.

Vous êtes né à Tours. Comment avez-vous découvert l’apnée ?

Enfant et adolescent, j’ai beaucoup voyagé avec mes parents dans les pays méditerranéens au début des années 90 pour nos vacances. J’ai eu ces premiers contacts avec la mer à ce moment-là. J’ai découvert l’apnée sur le mode plaisir, exploration, chasse sous-marine… Des moments courts mais suffisamment marquants pour laisser une trace. J’ai commencé à habiter au bord de la mer à Marseille assez tard, à 21 ans pour les études et la pratique de la plongée en apnée qui était aussi l’un de mes sujets de recherche à l’université.

Quels sont vos spots préférés ?

La pratique sportive de l’apnée se déroule le long d’un câble mais si l’on recherche une interaction avec l’environnement, le bon endroit , c’est chez moi, à Marseille et dans les calanques. Je vis au bord de la mer, je n’ai que les bons côtés de cette ville. Je plonge aussi à Saint-Cyr-sur-Mer, au large de la presqu’île de Giens et de La Ciotat. Toute la côte méditerranéenne est propice à la pratique exploratoire.

Et en dehors de la France ?

En Egypte, la Mer Rouge est réputée. En compétition, j’ai apprécié les Bahamas, Roatan (Honduras), la Dominique ou encore le Japon. En Europe, la Grèce et Chypre sont des zones intéressantes.

Vous êtes un athlète engagé dans la préservation de l’environnement, ce qui vous a récemment amené à être l’un de ses porte-paroles dans un reportage tourné en Norvège, sur l’île de Spildra

Je me suis en effet rendu en 2019 avec un réalisateur pour tourner un reportage, « La Quête du Sauvage », à Spildra, une petite île au milieu des fjords, qui va sortir sur Ushuaïa TV (groupe TF1) le 17 novembre. Je suis le fil directeur de ce documentaire. Je suis parti à la rencontre de tous les acteurs économiques de la mer -les pêcheurs, les « whales watchers »- les Samis, les scientifiques. Je suis aussi allé dans l’eau avec les grands cétacés puisque le film va tourner autour de ces géants. C’est un reportage qui porte la volonté de questionner notre rapport à la nature, la manière dont on cohabite avec elle. On ne dénonce rien, on ne montre personne du doigt, on est là pour faire prendre conscience que, dans certains pays, on vit mieux avec la nature et les animaux que dans d’autres, comme en France, où l’on quadrille tout, on réglemente tout, on balise tout.

Quelles sont les destinations que vous avez visitées et qui vous ont marquées ?

J’ai beaucoup aimé les Açores, son identité maritime, la configuration des îles, l’ambiance sur place. Et puis, nous sommes au milieu de l’océan avec l’influence d’un climat subtropical, ce qui fait que les poissons perroquets voisinent avec les bars de l’atlantique Nord ! C’est montagneux, vert, très abrupt. J’ai même pensé y vivre, ça m’a vraiment impressionné. Quand je voyage, je recherche l’interaction avec la nature, la possibilité de faire des activités. J’aime découvrir les territoires en nageant, en courant ou en marchant. Avec les Açores, j’ai été servi.

A l’issue des compétitions d’apnée, j’en ai aussi profité pour visiter certains endroits. Comme le Japon, à la suite d’un championnat du monde en 2010 qui se déroulait à Okinawa. Tokyo, Kyoto, le bord de mer, les paysages… un sacré choc culturel. Je ne suis pas resté à l’hôtel. D’ailleurs, je n’ai jamais fait de voyage organisé de ma vie…

Que pensez-vous des voix qui s’élèvent contre l’avion ?

Je ne suis pas « anti » mais par rapport à la situation que l’on vit aujourd’hui, cela doit interroger. Hormis les obligations que j’ai pour ma pratique sportive et pour mes partenaires, je ne prends pas beaucoup l’avion. C’est occasionnel pour moi.

Quelques éléments de biographie

Morgan Bourc’his a participé à la démocratisation de l’apnée, un sport encore confidentiel dans les années 90, « aujourd’hui, la demande est supérieure à l’offre », explique-t-il.

A 42 ans, le triple champion du monde – deux titres en individuel (poids constant sans palmes) et un avec l’équipe de France – n’a pas renoncé à la compétition même s’il a décidé de ne plus participer à des Mondiaux. Il le fait « pour le plaisir » et pour servir l’activité professionnelle qu’il développe en parallèle (coaching, encadrement de stage, instructeur d’apnée…). « J’ai créé un modèle économique qui me permet de pratiquer mon sport », précise-t-il.

Morgan s’investit de plus en plus en acteur citoyen de son territoire. Ancien professeur d’EPS avant d’être athlète à plein temps, il s’engage auprès des enfants atteints de cancers et hospitalisés à l’hôpital de la Timone à Marseille. Il participe à des campagnes de dons en réalisant des défis sportifs comme le MC Swim Challenge , une traversée des Calanques à la nage ou encore en trail. Parrain du tout récent Musée Subaquatique de Marseille, il amènera une partie des enfants malades plonger au printemps prochain sur les statues immergés de ce lieu artistique original.

Laurent Guena

Rédacteur en chef adjoint.
Contact: laurent.guena@sport-et-tourisme.fr

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