Cinq euros pour courir, et pourquoi pas ?
Longtemps, la France a vécu avec le certificat médical obligatoire pour s’aligner sur une course à pied. Une relique administrative qui obligeait des millions de coureurs à quémander un rendez-vous, payer une consultation, et espérer que le précieux papier ne se perde pas entre deux semelles de running. Tout le monde s’en accommodait plus ou moins, mais personne ne le regrettait vraiment. Alors oui, dire aujourd’hui que son abolition était une bonne idée… relève du simple constat.
Le Pass Prévention Santé, qui se substitue aux certificats médicaux et que l’on obtient en ligne, obligatoire pour les coureurs non licenciés, ne sera plus gratuit dès le début de l’année. Il faudra s’acquitter de cinq euros : il n’en fallait pas plus pour faire surgir la suspicion. Et pourtant, quand on regarde le dispositif de près, difficile de ne pas admettre qu’il simplifie enfin une pratique devenue massive.
La validité passe de trois mois à un an : un soulagement pour les millions de coureurs qui enchaînent les dossards, du 5 km au marathon. L’assurance responsabilité civile intégrée apporte un cadre clair — et évite aux organisateurs de jouer les contrôleurs de fichiers médicaux chaque week-end. Les contenus de prévention santé s’enrichissent, et les démarches se centralisent : moins de paperasse, moins d’erreurs, moins de stress au retrait des dossards.
Cinq euros par an, donc, pour un système plus simple, plus stable, plus cohérent. Et, surtout, pour éviter un retour en arrière. Ceux qui ont connu l’époque des certificats médicaux annuels — ou renouvelés tous les deux ans, ce qui revenait au même — savent très bien que ce nouveau pass coûte, au fond, moins cher que l’ancien monde. Et beaucoup, beaucoup moins cher en énergie perdue.
Dans un pays où la course à pied est devenue un pilier discret du tourisme local — du marathon de Paris aux trails confidentiels comme La Lampaulaise — la simplification est un enjeu majeur. Les organisateurs, souvent bénévoles, n’ont pas besoin de procédures kafkaïennes : ils ont besoin de coureurs, de clarté et de sécurité. Le Pass répond à ces trois exigences.
Reste la question symbolique : fallait-il le rendre payant ? Peut-être. Peut-être pas. Mais cinq euros pour courir toute l’année, ce n’est pas la mer à boire. Et s’il faut choisir entre une petite contribution ou le retour aux certificats médicaux, on sait très bien laquelle des deux options fera respirer le monde du running.
