Le touriste, cet ennemi si désiré

Comme l’année dernière, à peine aurons-nous le droit de nous déplacer entre régions, que les territoires se feront une guerre marketing pour attirer des citadins, toujours privés de voyages lointains.

Cette « guerre », d’ailleurs, est déjà bien lancée avec cet volonté de convaincre des citadins harassés par des mois confinement qu’ils pourront se refaire une santé grâce aux grands espaces ou diverses activités nautiques et sportives. Il n’est pas une station de montagne qui n’ait déjà dégainé un dossier de presse pour vanter tous ses mérites qui ressemblent d’ailleurs bien souvent à ceux des concurrents : bike park repensé, nouveaux parcours pour vélo à assistance électrique, lacs aux eaux étonnamment translucides, cols réservés… C’est ainsi et ça l’a toujours été et ça le sera sans doute encore longtemps tant que perdureront les congés payés. Et, après tout, pourquoi pas.

Ce qui a changé, depuis la pandémie, c’est cette petite musique désagréable qui vise à culpabiliser les Parisiens et plus généralement les citadins, qui vont se réfugier sur la côte Atlantique pour vivre un confinement moins pesant. Que ne leur avons-nous reproché !

Lors des dernières vacances de Pâques, c’était soi-disant l’exode avec, dans les bagages des habitants des villes, le virus. Tout à fait inexact : les Franciliens ont profité du weekend pascal et, sans provoquer aucun cluster, sont, pour la plupart, repartis. Toute la côte normande et même bretonne peut en témoigner.

Dans certaines régions, on leur en veut de faire monter les prix de l’immobilier. « Parisiens, rentrez chez vous. Vous êtes le virus du Pays Basque », cette pancarte a fait beaucoup jaser mais, après tout, personne n’a jamais empêché un Basque de ne pas vendre sa maison à un prix accessible à l’un des siens.

Pas sûr que les restaurateurs ou hôteliers, exsangues, apprécient ce genre d’initiatives. Les visiteurs ont le choix : tous nos territoires sont attractifs et certains semblent mêmes contents et honorés d’accueillir des touristes. Sans doute pas Marseille dont la municipalité vient de demander à son Office de Tourisme de réduire ses actions de promotion par peur d’être débordé cet été. C’est à peine si on n’a pas exigé de lui qu’il enlaidisse les calanques avec un logiciel de retouches pour faire fuir les visiteurs.

Dans le même temps, la région PACA relance sa campagne « été », « On a tous besoin du Sud ». Traduction : le Sud a besoin de vous, à l’exception, donc, de Marseille. Alors, oui, pour les vacances « bleu, blanc, rouge », comme on dit au ministère du Tourisme, mais, si c’est pour être considéré comme un étranger dans son propre pays, autant aller en Grèce, Espagne, Portugal ou Croatie. Ils accueillent les Parisien à bras ouverts.

Laurent Guena

Rédacteur en chef adjoint.
Contact: laurent.guena@sport-et-tourisme.fr

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