Stratégie
Marie Barsacq, ministre des Sports, et Nathalie Delattre, son homologue déléguée au Tourisme, ont réuni la semaine dernière le comité stratégique de la Filière Sport. Tout en se projetant vers les Jeux d’hiver de 2030, il a permis de définir les priorités à venir.
Les chiffres de la filière sont éloquents : 73 milliards d’euros générés, 144 000 entreprises, 450 000 emplois. Le sport irrigue l’industrie, le commerce et les services.
Mais sur le terrain, le constat est plus amer. Les jeunes désertent les gymnases, les clubs peinent à recruter. Malgré l’élan des Jeux de Paris 2024, la jeunesse française ne s’est pas encore réapproprié la pratique sportive. Concurrencé par les écrans, freiné par la pression scolaire ou un environnement peu accueillant, le sport devient trop souvent un luxe ou une injonction.
Dans un précédent éditorial, « Jeunesse, no sport ! », nous alertions déjà sur ce fossé grandissant. Car une stratégie, si brillante soit-elle, ne peut réussir sans ancrage local, sans politique ambitieuse d’accès pour tous.
Certaines initiatives montrent pourtant la voie. Le projet européen « Youth Drop In Sport », porté par la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), propose une autre approche : lutter contre le décrochage, recréer du lien entre sport, territoires et solidarité, penser la pratique comme outil d’émancipation.
Le comité stratégique aurait tout intérêt à intégrer ces expériences de terrain dans sa réflexion. Pour que la France devienne une référence mondiale en matière de tourisme sportif durable, elle doit d’abord reconquérir sa jeunesse.
Justement, cette autre voie, celle du tourisme sportif, commence à prendre corps. De moins en moins marginal, il fait désormais l’objet d’une stratégie dédiée. L’objectif est ambitieux : faire de la France la première destination durable. Cela exige des investissements, mais surtout de la constance.