Les moniteurs manquent à l’appel

À l’heure où les stations de ski annoncent fièrement leur ouverture, une autre réalité, beaucoup moins photogénique, vient ternir le paysage alpin.

Oui, la neige arrive. Oui, les touristes aussi. Mais qui, demain, pour leur apprendre à glisser ? Derrière les sourires de début de saison, une inquiétude sourde persiste. Les moniteurs de ski manquent à l’appel, et ce déficit n’a plus rien d’un simple trou d’air passager.

Ce métier longtemps idéalisé – combinaison rouge, traces parfaites et soleil d’hiver – montre aujourd’hui ses limites structurelles. Les envies évoluent. Les carrières aussi. Une enquête Ipsos pour le Syndicat National des Moniteurs de Ski Français le confirme : plus de 30% des moins de trente ans veulent décrocher un autre diplôme en parallèle du ski, du VTT au parapente en passant par l’accompagnement en moyenne montagne. Pas un renoncement, non. Plutôt un signal. Celui d’une génération qui refuse les voies uniques et les saisons courtes. Celui d’une profession qui ne peut plus se penser en hibernation d’avril à novembre. Cela semble évident, on le sait depuis longtemps, mais il n’est pas inutile de le rappeler à l’heure où les stations s’apprêtent à tenir grâce à celles et ceux qu’elles peinent paradoxalement à fidéliser.

Car le moniteur d’aujourd’hui n’est plus seulement un technicien de la neige. Il doit être un professionnel complet, agile, capable de s’adapter à des clients exigeants, à des hivers capricieux et à une montagne qui devient un terrain de jeu quatre saisons. Et ce n’est pas un hasard si la majorité des 18-54 ans se dit intéressée par l’idée d’enseigner une autre activité l’été. D’ailleurs un moniteur sur dix le fait déjà. La fidélisation passe aussi par là, offrir la possibilité d’habiter la montagne toute l’année, au lieu d’y « travailler l’hiver et survivre le reste du temps ».

Le SNMSF l’a bien compris et entend désormais activer de vrais leviers pour permettre à celles et ceux qui le souhaitent de s’engager durablement, station après station, vallée après vallée. Car, au fond, la question n’est plus seulement d’ouvrir les pistes. La vraie question est de savoir qui sera là pour descendre la première… et pour apprendre aux autres à suivre.

David Savary

Rédacteur en chef
Contact: david.savary@sport-et-tourisme.fr

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