Changer de braquet
On aurait pu croire que le vélo était devenu une évidence. Une évidence pour nos trajets quotidiens, pour notre santé, pour le climat, pour le tourisme, pour le porte-monnaie.
Certes, le Plan Vélo avance, les infrastructures cyclables s’étendent, et certains territoires s’illustrent. Mais face aux urgences écologiques, aux enjeux de santé publique, à l’érosion du pouvoir d’achat et à l’opportunité de faire du tourisme un levier de transformation douce, peut-on vraiment se satisfaire de ce rythme ?
En 2023, Élisabeth Borne, alors Première ministre, avait promis deux milliards d’euros jusqu’en 2027, dont 250 millions par an pour financer des aménagements cyclables, notamment dans les zones rurales et périurbaines. Cette enveloppe annuelle a pourtant été ramenée à 50 millions d’euros dans le budget 2025 du gouvernement de François Bayrou.
Le vélo coche pourtant toutes les cases : il décarbone sans effort technologique, il soulage les budgets familiaux, il redessine les villes et les campagnes, il crée de l’emploi, il attire une clientèle touristique fidèle et dépensière.
Alors pourquoi cet enthousiasme si mesuré ? Pourquoi, à l’heure où le sport est érigé en grande cause nationale, où le tourisme cherche à se réinventer, n’en fait-on pas un axe stratégique fort ?
La Fédération française de cyclotourisme, comme d’autres acteurs du secteur, salue d’ailleurs les recommandations du rapport remis par Emmanuel Barbe sur la sécurité des usagers de la route, à la suite du décès tragique en octobre dernier de Paul Varry, tué par un conducteur de SUV. Preuve que les attentes sont là, et qu’elles réclament des engagements clairs.
Il est temps de cesser de considérer le vélo comme un loisir dominical ou un objet de communication. Il mérite mieux : un véritable statut de politique publique centrale, au croisement du sport, du tourisme, de la santé, de l’écologie et du pouvoir d’achat.
Il est temps d’enlever les petites roues à la politique vélo, pour qu’elle puisse enfin tracer sa route en grand.
