Docteur Patrick Basset : « Sauvons les évènements outdoor et ouvrons les portes »

Environ 14 000 évènements outdoor sont organisés en France annuellement. Depuis un an, 95% d’entre eux ont été annulés. Membre fondateur du Collectif évènementiel sportif outdoor (CESO), Patrick Basset, anesthésiste-réanimateur et directeur médical de nombreuses épreuves sportives, pousse un cri d’alarme. Il milite pour une reprise rapide des épreuves outdoor afin de sauver la filière.  

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Patrick Basset, médecin anesthésiste-réanimateur, directeur médical de nombreuses épreuves sportives, et à l’origine du Collectif CESO.

C’était il y a un peu plus d’un an. En raison du contexte d’épidémie de coronavirus, le gouvernement décide d’annuler le semi-marathon de Paris. La veille de l’épreuve. Des mois d’entrainement anéantis pour les presque 40 000 participants inscrits. Pour Patrick Basset, directeur médical de l’épreuve, c’est aussi un choc, « une année de travail de perdue pour l’organisation ». « Rendez-vous compte, précise-t-il, j’avais 500 acteurs du secours sur place, une trentaine d’ambulances, une vingtaine de médecins, et à quelques heures du départ un coup de fil pour dire que tout s’arrête ». « Je peux vous dire que nous avons pleuré » ajoute-t-il encore.

Un écosystème en très grande difficulté

Depuis l’annulation du semi-marathon de Paris le 1er mars 2020, 95% des évènements outdoor ont été annulés en France en raison de la crise sanitaire. Un contexte exceptionnel qui place tout un écosystème dans une situation de grande précarité économique. Fondé en novembre dernier sous l’impulsion de Patrick Basset et d’une dizaine d’autres personnes, le Collectif évènementiel sportif outdoor (CESO) s’alarme de la situation. Le mouvement qui a le soutien aujourd’hui de près de 400 organisateurs déterminés à sauver leurs épreuves insiste sur le fait que « des évènements renommés et des milliers d’emplois risquent de disparaitre si 2021 ressemble à 2020 ». « Depuis plus d’un an, tout s’est arrêté ou presque. Stop. Ça suffit. Maintenant que nous avons compris comment fonctionne le virus et que nous pouvons nous adapter, sauvons les évènements outdoor et ouvrons les portes » proclame Patrick Basset.

Un poids économique et touristique majeur

Chaque année, les 14 000 évènements outdoor organisés mobilisent de 100 à 50 000 participants. Selon les estimations du Collectif, cela représente environ 5 millions de coureurs, trailers, cyclistes, vététistes, triathlètes, fondeurs… français et étrangers. Pour la bonne tenue de ces évènements, plus d’un million de bénévoles et des centaines de prestataires spécialisés s’activent à longueur d’année. Cela génère des milliers d’emplois et plus de 1,5 milliard d’euros de retombées économiques et touristiques pour les territoires. « Il y a les grosses organisations professionnelles à but lucratif, mais moi je pense surtout aux petits, l’immense majorité des organisateurs qui s’efforcent chaque année de faire vivre leur évènement » souligne Patrick Basset citant l’exemple du « petit Office de Tourisme de montagne ou, du Club des Sports de telle ville ou tel quartier qui se retrouve en très grande difficulté en raison du contexte sanitaire ».

Entre les deux vagues épidémiques, des évènements sportifs ont pu toutefois avoir lieu comme les très médiatiques Dakar ou Tour de France, « des épreuves à valeur économique induites par les diffusions télé » indique le docteur Basset qui loue aussi « le courage de quelques préfets qui ont autorisé un certain nombre d’évènements ». Pour le reste, rien. Des annulations et des reports causant le malheur et la détresse de milliers d’organisateurs.   

Aucun cluster recensé parmi les évènements outdoor organisés

Une situation terrible alors qu’un consortium de médecins et de scientifiques mandatés par le CESO révèle qu’aucun cluster n’a été recensé parmi les événements outdoor organisés entre le mois de juillet et la fin de l’année 2020. « Le risque de transmission en extérieur est très faible, il est même quasi nul lorsque des protocoles sanitaires sont mis en place » affirme Patrick Basset qui s’inquiète dans le même temps de la santé de la population.  Chacun sait aujourd’hui qu’une pratique sportive régulière permet de vivre plus longtemps en bonne santé physique et mentale. « Le sport c’est la santé, ne rien faire c’est l’altérer » confirme le médecin.

Reprise rapide avec des évènements pilotes

Tout en informant les pouvoirs publics, le CESO milite pour une reprise rapide des évènements sportifs outdoor. Dès ce printemps, l’idée est de mettre en place un nombre limité d’événements pilotes. Une expérimentation comme pour les stades. Après uniformisation des protocoles sanitaires entre les Fédérations, et sous le contrôle du ministère des Sports, un agenda d’épreuves (trail, triathlon, cyclisme) pourrait être défini début avril pour des compétitions tests programmées entre le 1er et le 30 mai. « Les résultats seront communiqués auprès du grand public à la mi-juin. Si ces protocoles sanitaires validés scientifiquement nous rassurent et rassurent les pouvoirs publics, ce sont des milliers d’entreprises et d’organisateurs qui seront sauvés. Cela se joue à la semaine près » estime Patrick Basset. Avec bien sûr derrière la possibilité pour des centaines de milliers de pratiquants de s’adonner à leur activité favorite.

Rappelons aussi que le 2 mars dernier, le président Emmanuel Macron a parlé de « 4 à 6 semaines à tenir » avant la levée de certaines restrictions. Nous verrons bien.

David Savary

Rédacteur en chef
Contact: david.savary@sport-et-tourisme.fr

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