Stations de ski : le manque de moniteurs reste un défi à l’approche de la saison 2025-2026
Alors que les stations françaises se préparent à accueillir plusieurs millions de visiteurs, la question du recrutement des moniteurs de ski et éducateurs sportifs demeure centrale.
Avec plus de 250 domaines skiables et près de 10 millions de touristes chaque année, la montagne demeure un pilier du tourisme national. Mais derrière cette mécanique bien rodée, un problème persistant fragilise l’équilibre du secteur : la difficulté à recruter des moniteurs de ski et des éducateurs sportifs.
La saison dernière a confirmé l’attractivité croissante des sports d’hiver. La fréquentation des stations a progressé d’environ 7%, portée à la fois par le retour de la clientèle internationale et par la recherche de séjours plus abordables dans les petites stations familiales.
Cette dynamique s’est toutefois heurtée au manque de personnel qualifié. Plusieurs structures ont dû réduire leur offre de cours faute de moniteurs disponibles, tandis que les équipes déjà en poste ont vu leur charge de travail s’intensifier. Le décalage entre la demande des vacanciers et les capacités d’encadrement constitue désormais un point de vigilance pour les acteurs de la montagne.
Des métiers attractifs, mais marqués par la précarité
Le déficit de main-d’œuvre s’explique en grande partie par les conditions d’exercice. Les éducateurs sportifs, qu’ils interviennent en ski ou dans d’autres disciplines, exercent une activité fortement dépendante de rythmes saisonniers ou extrascolaires. Entre cours concentrés sur les vacances d’hiver, emplois du temps fractionnés et dépendance aux conditions météorologiques, les contrats sont souvent précaires. Selon une récente enquête Ipsos pour le Syndicat National des Moniteurs de Ski Français (SNMSF), 87 % des moniteurs de ski ESF exercent un second métier, ce qui reflète la nécessité de compléter leurs revenus.
Selon l’Insee, près de 45% des éducateurs sportifs sont toujours en CDD cinq ans après leur insertion professionnelle. Chez les moins de 30 ans, seuls 24% poursuivent leur carrière dans ce secteur au même horizon. Beaucoup alternent entre périodes d’activité et inactivité, ou cumulent plusieurs emplois. Les conditions de vie dans les stations – coût du logement, éloignement, nécessité de travailler l’été et l’hiver – renforcent encore ces fragilités.
Le départ à la retraite progressif de nombreux moniteurs expérimentés accentue la pénurie, dessinant un « papy-boom » qui impacte directement l’offre disponible.
Une pression accrue pour la saison 2025-2026
Les professionnels du secteur anticipent une nouvelle saison très fréquentée, mais peinent à recruter suffisamment d’éducateurs sportifs pour répondre à la demande. La concurrence entre stations s’intensifie, tandis que les formalités administratives – vérification des diplômes, cartes professionnelles, assurances, documents Urssaf – mobilisent du temps et des ressources dans des équipes souvent réduites.
Cette tension sur l’emploi pourrait, si elle perdure, limiter la croissance du secteur et affecter la qualité de l’encadrement proposé aux pratiquants.
Une plateforme de mise en relation entre éducateurs sportifs et employeurs
Dans ce contexte, de nouveaux outils cherchent à simplifier l’accès à l’emploi dans le domaine du sport. Parmi eux, la plateforme We Guide You, fondée par Charles Lebaube, un ancien moniteur de ski et de voile, vise à centraliser les candidatures et les offres, à automatiser certaines vérifications administratives et à faciliter la mise en relation entre employeurs et éducateurs sportifs.
Le dispositif propose notamment la centralisation des documents nécessaires à l’embauche et des outils destinés à aider les éducateurs à présenter leurs compétences et disponibilités. L’objectif affiché est de fluidifier un marché de l’emploi fragmenté et de réduire les délais de recrutement dans un secteur fortement saisonnalisé.
Mieux structurer un secteur dispersé
Au-delà des seuls métiers de montagne, l’enjeu dépasse celui des sports d’hiver. Les acteurs du secteur s’accordent sur la nécessité de mieux structurer l’emploi sportif, qu’il s’agisse d’écoles de ski, de clubs, de collectivités ou d’associations. La diversification des pratiques, la demande croissante d’encadrement qualifié et les difficultés d’attractivité rendent ce besoin de structuration particulièrement pressant.
