Le tourisme à vélo trace sa route… jusque dans les salons pros
À l’occasion de l’ouverture de la 47ème édition de son salon à Paris, l’IFTM (International French Travel Market), rendez-vous des professionnels du tourisme, a lancé une opération baptisée « Tous à vélo ». Une manière pour la filière de mettre en lumière le potentiel croissant du vélo dans le tourisme.

Aux côtés de Laurence Gaborieau, directrice du salon IFTM, participaient notamment l’association France Vélo Tourisme, le syndicat des EdV (Entreprises du Voyage), le Seto (Syndicat des Entreprises du Tour Operating), l’AFTM (Association Française des Travel Managers), ADN Tourisme (fédération des organismes institutionnels du tourisme), Paris je t’aime (Office de tourisme de Paris), l’APST (Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme), ainsi que le ministre du Tourisme de la République dominicaine, destination à l’honneur de cette édition. Bref, l’ensemble des dirigeants de l’industrie touristique à l’unisson pour promouvoir les mobilités durables dans le tourisme.
Un levier économique et touristique
Dans le cadre du lancement du Village des initiatives durables, l’IFTM veut montrer que le vélo constitue une opportunité pour développer un tourisme plus équilibré. « Que ce soit dans le secteur du loisir en France et à l’étranger ou dans le cadre des voyages d’affaires, il répond à une demande grandissante pour des solutions souples, écologiques et saines », a déclaré Laurence Gaborieau, lors de l’ouverture du salon.
D’après France Vélo Tourisme, plus de 83% du schéma national des véloroutes est aujourd’hui achevé, représentant 21 831 kilomètres d’itinéraires aménagés. « Ce n’est plus un marché de niche », estime Olivier Amblard, président de l’association qui évoque « des retombées économiques estimées entre 28 000 et 97 000 euros par kilomètre et par an ». Un essor également porté par le vélo à assistance électrique qui rend la pratique accessible à des publics variés et favorise un tourisme intergénérationnel.
La Vélodyssée, ViaRhôna ou Loire à Vélo, porte-étendards du vélotourisme
Les grands itinéraires comme La Vélodyssée (3,9 millions de sorties annuelles), la ViaRhôna (2,6 millions) ou la Loire à Vélo (1,8 million) illustrent l’ampleur de cette dynamique. À l’échelle locale, des territoires comme la Marne investissent dans des infrastructures adaptées avec près de 2 000 kilomètres d’itinéraires cyclables sécurisés et plus de 70 prestataires labellisés Accueil Vélo.
À Paris, ce sont plus de 1000 kilomètres de pistes cyclables qui ont été déployés avec une augmentation de la pratique de 34,1% depuis 2020. Aujourd’hui 11,2% des déplacements dans la capitale s’effectuent à vélo.
Au-delà de la mobilité, le vélo constitue un outil de développement territorial, incitant à la consommation locale. Les cyclotouristes dépensent en moyenne entre 49 et 74 euros par jour, selon France Vélo Tourisme.
5 millions de touristes sportifs, dont 7% à vélo

Le vélo s’impose aussi dans les attentes des clientèles. Selon les Entreprises du Voyage, 5 millions de Français pratiquent le tourisme sportif en itinérance, dont 7% à vélo. Une tendance appelée à se renforcer. Six Français sur dix envisagent de s’y mettre dans les prochaines années.
La présidente des EdV, Valérie Boned, observe une structuration du marché. « Nous le voyons avec l’APST. Il y a de plus en plus d’entreprises qui se créent autour du sport et du vélo », déclare-t-elle. Elle souligne aussi la progression des usages. « La vente de places vélo dans les trains Intercités a augmenté de 53% entre 2019 et 2023, et de 69% sur les TGV Inoui ».
« Le tourisme à vélo, c’est un vrai métier »
Même constat du côté des tour-opérateurs. « Le tourisme à vélo, c’est un vrai métier », confirme Patrice Caradec, président du Seto, qui a fait cet été le tour du lac de Constance. « Les TO s’impliquent de plus en plus. Ils ont compris tout l’attrait du slow tourisme ». Le marché européen des tour-opérateurs spécialisés est estimé à 400 millions d’euros, avec un prix moyen de 1 000 euros par voyageur. En France, ce segment représente 50 millions d’euros, un chiffre stable entre 2024 et 2025.
Des freins encore à lever
Le potentiel du vélo reste toutefois peu exploité dans les mobilités professionnelles. Une enquête menée en septembre 2025 par l’AFTM révèle que seulement 12% des entreprises proposent le vélo comme alternative au véhicule de fonction. Toutefois, 36% estiment prioritaire un soutien financier pour accompagner son développement.
Pour Michel Dieleman, président de l’AFTM, « il y a beaucoup à faire dans ce domaine. Nous allons y contribuer ». Les freins identifiés concernent la sécurité (35%), le manque d’infrastructures (23%) et la distance des rendez-vous, souvent peu compatible avec l’usage du vélo. Le potentiel d’usage est jugé modeste, avec moins de 10% des salariés concernés selon la majorité des répondants.
« La République dominicaine, ce n’est pas que les plages et la pina colada »
Présente en tant que destination invitée d’honneur, la République dominicaine a salué l’initiative portée par IFTM. « La République dominicaine, ce n’est pas que les plages et la pina colada », a déclaré David Collado, ministre du Tourisme. « Nous nous engageons dans un tourisme durable, respectueux de l’environnement. Cela passe aussi par la construction de pistes cyclables ».
Un levier d’avenir pour les professionnels
Au croisement de la transition écologique et de l’évolution des attentes touristiques, le vélo apparaît comme un vecteur d’innovation, capable de réconcilier performance économique et développement durable. Aux professionnels du tourisme de capter ces nouvelles clientèles en quête d’expériences actives et authentiques. À eux de structurer des offres intégrées qui associent transport, hébergement, patrimoine et gastronomie. Et de faire du tourisme à vélo un vecteur de différenciation et d’innovation. En France comme à l’étranger.
« Le vélo n’est plus simplement un moyen de déplacement. Il est désormais reconnu comme un mode de mobilité à part entière, complémentaire aux transports traditionnels », résume Laurence Gaborieau. « Que ce soit dans le secteur du loisir en France et à l’étranger ou dans le cadre des voyages d’affaires, il répond à une demande grandissante pour des solutions souples, écologiques et saines ». On ne vous dira pas le contraire.