Sport et tourisme : Deux lettres ouvertes à Emmanuel Macron pour « ne pas disparaître avant le virus »

Le mouvement sportif français et, aussi, l’un des fondateurs de l’une des plus grandes agences de voyages en ligne, ont écrit des lettres ouverte à Emmanuel Macron dans lesquelles ils demandent bien plus de considération sous peine de disparaître.

Sport et tourisme : Deux lettres ouvertes à Emmanuel Macron pour « ne pas disparaître avant le virus » 1
En raison de la situation sanitaire, la fédération française de badminton a décidé de geler les championnats interclubs (Top 12, N1, N2 et N3) jusqu’au 31 décembre/+

A l’heure où les couvre-feux et de possibles reconfinements minent le moral, le mouvement sportif – acteurs associatifs, bénévoles, éducateurs sportifs, dirigeants de clubs et de fédérations « même s’il n’est « adepte du coup d’éclat »a choisi d’écrire une lettre ouverte à Emmanuel Macron . Denis Masseglia, président du CNOSF (Comité national olympique et sportif français, s’était déjà ému du manque de considération de la ministre des Sports.

« Désemparés », les acteurs tiennent à faire comprendre au président de la République qu’ils font « tout leur possible pour s’adapter aux aléas et aux multiples applications divergentes et parfois contradictoires de la doctrine sanitaire sur le terrain » .

Mais, « malgré ces efforts, nos compétitions et manifestations programmées ou reprogrammées sont annulées, souvent à la dernière minute et en raison d’une application excessive et injustifiée des mesures sanitaires par les autorités locales. »

Les conséquences sont terribles : « nous déplorons déjà plus d’un quart d’adhésions en moins, au point que de nombreux clubs se demandent aujourd’hui s’ils pourront passer l’année car plus de 80% d’entre eux, seulement animés par des bénévoles, piliers du sport amateur, restent encore aujourd’hui exclus des dispositifs d’aides prévus au plan de soutien piloté par le Ministère de l’Économie ». Pourtant, argumentent-ils, « pratiquer un sport est bon pour la santé et permet de mieux résister face à l’épidémie ».  

Comment, alors, comprendre et expliquer « pourquoi d’autres activités demeurent permises, y compris dans les zones les plus touchées par l’épidémie, mais pas la pratique du sport dans des zones pourtant plus préservées ? ».

Pour les signataires de la lettre, « nous devons donc vivre ce virus tant qu’il n’aura pas été vaincu mais nous ne voulons pas disparaître avant lui ».

Virus : ce qui dit le ministère des Sports

Les publics prioritaires autorisés à pratiquer une sportive encadrée

  • Les scolaires
  • Les mineurs dont la pratique est encadrée (par une association ou toute structure dotée d’un encadrement diplômé)
  • Les étudiants STAPS
  • Les personnes en formation continue ou professionnelle
  • Les sportifs professionnels
  • Les sportifs de haut niveau
  • Les personnes pratiquant sur prescription médicale
  • Les personnes en situation de handicap

Pour les pratiquants adultes non prioritaires:

La pratique sportive des publics non prioritaires est interdite dans les équipements sportifs couverts, salles de sport et gymnases (ERP X) dans les zones de couvre-feu mais reste possible dans tous les équipements sportifs de plein air sur l’intégralité du territoire.
La pratique devra se conformer aux horaires autorisés (permettant aux pratiquants de respecter le couvre-feu entre 21h et 6h du matin). Dans les territoires qui ne sont pas soumis au couvre-feu, ces publics adultes auront la possibilité de pratiquer à l’intérieur des équipements sportifs couverts sous réserve de mise en place de protocoles sanitaires renforcés validés par les autorités publiques.

« Sauvez le soldat voyagiste !»

Nicolas Brumelot, fondateur de l’agence de voyages en Misterfly, meurtri par l’obligation de mettre en place un plan de sauvegarde pour l’emploi, alors qu’aucun de ses collaborateurs n’a failli, a aussi envoyé une lettre ouverte à Emmanuel Macron début octobre. Si c’est une initiative personnelle, elle traduit l’angoisse du secteur du tourisme, en particulier celle de la branche des agences de voyages qui fait voyager des clients à l’étranger.  Dans cette lettre, il y fait part de sa colère : «  née il y a tout juste cinq ans, l’entreprise (Misterfly) a connu un succès spectaculaire : 540M€ de volume d’affaires annuel en 2019, de nombreuses récompenses, le soutien d’investisseurs de renom et 455 emplois à la clé ». Alors, quand « vous devez vous séparer de ceux qui vous ont fait confiance et qui ont contribué à votre succès, c’est extrêmement difficile, douloureux et culpabilisant ».

Aurait-on pu éviter cela ? Oui, selon Nicolas Brumelot, qui en veut terriblement au pouvoir politique d’avoir laissé les compagnies aériennes agir en dehors des lois : « Qu’a fait le gouvernement pour venir en aide aux passagers qui demandaient le remboursement de leurs vols annulés comme le prévoit la loi et comme la Commission européenne n’a eu de cesse de le rappeler ? Le gouvernement n’est pas intervenu pour faire respecter le droit des passagers, malgré les rappels à l’ordre de la Commission européenne, malgré la procédure engagée par la Commission contre la France, sans jamais un mot pour les consommateurs ou leurs voyagistes ».

De plus, « l’Europe politique n’est même pas capable d’adopter des mesures sanitaires coordonnées et harmonisées et ce n’est pas faute de propositions des professionnels, compagnies aériennes comme voyagistes et de leurs organisations représentatives ».

Pour le chef d’entreprise, les conséquences des décisions d’Emmanuel Macron « font vaciller l’industrie du tourisme tout entière » et il lui en conjure, « sauvez le soldat voyagiste ! ».

Laurent Guena

Rédacteur en chef adjoint.
Contact: laurent.guena@sport-et-tourisme.fr

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