Liberté sous condition
L’aventure, l’engagement physique, le goût de la liberté absolue, voilà ce qui anime de plus en plus de voyageurs sportifs. Mais comme nous l’écrivions récemment à propos des ultra-cyclistes arrêtés en Iran ou en Russie, la passion du dépassement de soi ne protège pas des réalités du monde. Ni des lois, ni des zones grises, ni des imprévus.
Et ces dangers ne se limitent pas aux expéditions extrêmes. Dans un registre plus quotidien, la recrudescence des vols, notamment de voitures de location, rappelle que tout voyage comporte une part de risque. Notre confrère l’Écho touristique le souligne, d’Afrique du Sud aux États-Unis, les incidents se multiplient, souvent dans des lieux pourtant touristiques et réputés « sûrs ». Le moindre relâchement peut suffire : un coffre forcé, une fenêtre brisée, un passeport envolé… et ce sont des vacances qui basculent, des centaines voire des milliers d’euros perdus.
Faut-il pour autant renoncer ? Non. Mais il faut regarder le monde tel qu’il est. La montée des tensions, la fragilité de certains territoires, la banalisation des délits visent aussi les voyageurs. Le tourisme sportif, en pleine croissance, ne peut se contenter de promouvoir l’évasion sans intégrer pleinement la question de la sécurité.
Cela passe par une double responsabilité. Celle des professionnels, d’abord, qui doivent guider, encadrer, informer. Celle des voyageurs ensuite, qui doivent adopter les bons réflexes : copie des papiers, assurance adaptée, vigilance constante, respect des conseils du Quai d’Orsay.
Voyager n’a jamais été un acte neutre. Mais il reste un acte puissant, dès lors qu’il s’accompagne de lucidité. Liberté et insouciance font bon ménage, à condition d’y ajouter une dose de prudence. Ce n’est pas céder à la peur, c’est donner à l’aventure toutes les chances d’aller jusqu’au bout.
