Guillaume Martin : « Mon paradis c’est la Suisse normande »

Premier français lors du dernier Tour de France, meilleur grimpeur sur la Vuelta, Guillaume Martin est l’un des coureurs les plus performants au sein du peloton. Ecrivain, philosophe à ses heures, il est aussi un grand voyageur. La preuve avec cet entretien.

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En stage de préparation dans la Sierra Nevada, Guillaume Martin compte bien lever les bras sous les couleurs de Cofidis cette année. ©Team Cofidis

Vous voyagez beaucoup. Quels sont les endroits qui vous ont marqué ?

Il est vrai que nous voyageons beaucoup car nous partons en moyenne entre 200 et 250 jours par an hors de notre domicile. Mais attention ce ne sont pas des vacances. Dans les différents pays où nous séjournons, nous ne voyons souvent que les hôtels ou les aéroports. Durant les courses, nous n’avons pas vraiment le temps de regarder les paysages. C’est parfois frustrant. (Ndlr : dans son livre « Socrate à vélo », Guillaume Martin écrivait « qu’il peut nous arriver de laisser notre esprit divaguer sur le vélo » (…) mais « les exercices corporels obscurcissent nécessairement l’activité intellectuelle »).

Lors des stages d’entrainement, c’est un peu différent. J’en effectue beaucoup en altitude comme actuellement en Sierra Nevada en Andalousie. Je vais aussi régulièrement en haut de l’Etna en Sicile. J’apprécie beaucoup cet endroit. L’an dernier ma compagne m’y a rejoint. Nous avons fait un peu de tourisme en visitant les villes de Catane ou Syracuse. C’était très sympa.

Pouvez-vous nous partager quelques anecdotes de voyages ?

Rien d’exceptionnel. Pas de train qui déraille ou d’avion qui se repose 3 minutes après avoir décollé (rire). Enfin… si, hier soir (Ndlr : 26 janvier), j’ai ressenti un séisme d’une magnitude 4.5 à Grenade. Les petits tremblements de terre, cela arrive. Là c’est en Andalousie, mais j’en ai aussi ressenti en Sicile.

De façon générale, le cyclisme est un formidable moyen pour voyager et découvrir des endroits où je n’aurais jamais pensé aller. Nous avons la chance de disputer certaines épreuves à l’autre bout du monde. Grâce au vélo, je suis allé dans la région du Guangxi au sud de la Chine. L’an dernier, j’ai disputé une épreuve en Argentine. Nous étions dans la pampa, au pied de la Cordillère des Andes dans un décor incroyable. Je pense aussi à l’Artic Race of Norway, une course incroyable. Déjà c’est toute une aventure pour y aller. Je me souviens qu’entre les étapes nous devions effectuer une liaison en ferry pour traverser un fjord et s’éviter ainsi 10 heures de route. Ces courses au niveau du cercle polaire se déroulent toujours dans des paysages lunaires magnifiques.

Où vivez-vous aujourd’hui ?

Je suis né à Paris. Mes parents sont revenus en Normandie lorsque j’avais un an donc je me considère comme Normand. Je vis près de Flers dans l’Orne aux portes de la Suisse normande (Ndlr : région naturelle de Normandie à cheval sur le Calvados et l’Orne). Ma compagne travaillant sur Caen, nous avons également un appartement à Dives-sur-Mer près de Cabourg. Au cours de mon parcours, j’ai habité en ville, à Rennes, à Lyon, à Strasbourg… Après ces différentes expériences, c’est un vrai plaisir que d’habiter à la campagne.

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En progression constante depuis ses débuts chez les pros, le coureur Normand est prêt à relever les nombreux challenges qui l’attendent cette saison. © Team Cofidis

Êtes-vous voyage organisé ou improvisé ?

Plutôt voyage improvisé. Avec ma compagne, nous aimons voyager. Nous sommes allés dans des endroits très dépaysants, en Jordanie, en Iran, au Laos, au Népal… Le Népal reste d’ailleurs mon plus beau souvenir. Nous avons fait un trek là-bas. On a nous a conseillé des guides locaux. Nous avons préféré nous en affranchir en faisant tout par nous-mêmes et en portant nos sacs. Certes nous ne nous sommes pas lancés dans un trek des plus isolés et des plus difficiles, mais je suis très content de l’avoir fait de cette manière. En vérité, nous n’étions vraiment jamais seuls. À chaque village, nous demandions notre chemin. Bref on se débrouille, on échange avec les locaux et c’est ce qui fait tout le charme du voyage.

Quel est votre prochain voyage ou votre prochaine destination de vacances ? (faisons abstraction de la situation sanitaire)

A vrai dire nous ne nous sommes pas trop posé la question car l’horizon est plutôt bouché en ce moment. L’Afrique et l’Amérique du Sud, je ne connais pas bien… Je suis tenté par l’Amérique du Sud. Plutôt dans sa partie montagneuse. J’aimerai bien aller en Bolivie.

Si vous deviez poser vos valises, le paradis ce serait où ?

Déjà j’aime bien l’idée de mouvement sans que l’on ait à poser ses valises. C’est un préalable. Ensuite, si je devais les poser et m’arrêter définitivement quelque part, je n’irai pas chercher bien loin. Pas besoin d’aller dans un pays lointain ou sur une île déserte. Non, je reste en Suisse normande, là où je vis. C’est un territoire avec des sites naturels d’exception et des panoramas grandioses (Ndlr : Thury-Harcourt, Clécy et Pont-d’Ouilly sont les trois principales villes de la Suisse normande). C’est très calme, très vallonné et l’on peut facilement s’y entrainer car il y a peu de circulation.

Un endroit au calme pour écrire et évacuer la pression ?

Je n’ai pas forcément besoin de calme pour écrire. Je peux le faire n’importe où, dans les trains, en avion… Concernant la pression, cela fait déjà quelques années que j’ai des responsabilités. Je suis habitué à fonctionner avec. Au bout d’un moment, elle ne s’accumule plus.

Quelques éléments de biographie

À 27 ans, Guillaume Martin demeure un des coureurs les plus prometteurs du peloton. Passé professionnel en 2016, il est aujourd’hui membre de l’équipe Cofidis avec laquelle il termine 11ème du dernier Tour de France (meilleur français) avant de remporter le maillot du meilleur grimpeur sur le Tour d’Espagne. Cette année il nourrit de grandes ambitions en espérant lever les bras sur une grande course.

Cyclosophe, le coureur normand est titulaire d’un master de philosophie. Passionné par l’œuvre de Friedrich Nietzsche et la philosophie antique, il est l’auteur d’une pièce de théâtre, « Platon vs. Platoche » et d’un livre « Socrate à vélo » aux éditions Grasset. Toujours avec la maison Grasset, Guillaume Martin travaille sur un nouveau livre qui pourrait aboutir d’ici la fin de l’année.  

David Savary

Rédacteur en chef
Contact: david.savary@sport-et-tourisme.fr

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