Gianni Infantino, t’as tout faux

La semaine dernière, la FIFA, l’instance qui supervise le football mondial, a dévoilé les pays-hôtes de la Coupe du Monde en 2030. Elle se déroulera dans six pays sur trois continents. Aussi affligeant qu’aberrant. Mais aussi probablement le début de n’importe quoi dans l’organisation de grands évènements sportifs.

Gianni Infantino, t’as tout faux 1
Trop d’argent dans le football tue le football. ©Pixabay

S’il voulait casser l’une des compétitions sportives les plus regardées au monde, il ne s’y prendrait pas mieux. Le juriste helvético-italien Gianni Infantino, président de la FIFA, aime les coups d’éclat que nous n’aimons pas. Pour la première fois depuis sa création en Uruguay en 1930, la Coupe du Monde de football se disputera sur trois continents (Amérique du Sud, Afrique, Europe) et dans six pays (Uruguay, Paraguay, Argentine, Maroc, Espagne et Portugal). À l’heure où l’on ne jure qu’en termes de développement durable et d’environnement, bonjour le bilan carbone.

Tous les quatre ans, le moment que l’on attend avec impatience

Mais surtout cette décision qui, à peine croyable aurait fait l’unanimité parmi les membres de la FIFA, sonne le glas d’une compétition hors norme où l’été tous les quatre ans les passionnés de ballon rond se mettent à l’unisson du pays hôte, et se plaisent à en découvrir tous les attraits. Un voyage dans le temps, sur un territoire donné, que l’on attend avec impatience et que l’on savoure avec ferveur et frénésie. Quand la rareté de l’évènement se double du plaisir de l’attente, c’est un moment exquis que l’on ne veut surtout pas gâcher.

Sauf que là Gianni Infantino, animé par le seul appât du gain, brise année après année tout ce qui fait le sel d’une Coupe du Monde de football. Il milite pour un Mondial tous les deux ans, voulant ainsi nous priver du cycle avec lequel on a grandi. Le dernier Mondial s’est disputé en hiver et au Qatar, un état qui a beaucoup été critiqué et qui n’est pas l’héritier d’une longue tradition de football. Dès 2026, nos repères vont être encore perturbés puisque la compétition va passer de 32 à 48 pays participants. Cette 23ème édition aura d’ailleurs lieu sur trois pays, Etats-Unis, Canada et Mexique. Bref on s’y perd et on ne se souviendra même plus trop où se seront déroulés les matches les plus fameux. Séville 1982, Guadalajara 1986, Paris – Saint-Denis 1998…, des tranches de vie incroyables où le temps semble s’être arrêté.

« Un grand show, un grand business, un grand barnum ».

Comme pour les Jeux Olympiques, on peut bien sûr admettre qu’il est de plus en plus difficile pour un seul pays hôte d’assumer seul le coût financier de l’organisation d’une Coupe du Monde. À l’exception peut-être des pays du Golfe. Comme par hasard, la Coupe du Monde 2034 semble promise à… l’Arabie Saoudite, un pays climatiquement chaud qui construit sa notoriété grâce au sport.

Je l’ai lu quelque part, nous sommes en train de désacraliser le Mondial. C’est vraiment triste. Comme l’a répété à plusieurs reprises Michel Platini, qui, lui, aurait sans doute fait un bon président de la FIFA, « le football relève aujourd’hui davantage d’un grand show, un grand business, un grand barnum ». Au détriment des fans et des passionnés qui le font vivre. Gianni Infantino, t’as tout faux.

Le modèle économique avant tout, les fans attendront

Le président de la FIFA mérite son carton rouge, synonyme d’exclusion de l’instance qu’il dirige, mais visiblement il n’est pas le seul à succomber aux sirènes de l’argent. Arc-boutées sur un business model profitable, d’autres organisations déstructurent l’existant. Comme par exemple World Rugby, Fédération internationale de rugby, qui envisage le passage de 20 à 24 équipes dès la prochaine Coupe du Monde qui se déroulera en Australie en 2027. Un peu tôt quand on voit les différences de niveau entre les sélections. Regarder la France laminer la Namibie 96 à 0, c’est pas ce qu’il y a de plus exaltant. Un match n’a d’intérêt que si l’on ne sait pas à l’avance qui va le gagner, n’est-ce pas ! À propos de cette Coupe du Monde de rugby, on peut aussi déplorer le tirage au sort effectué il y a trois ans, et qui du coup va voir les quatre meilleures nations mondiales actuelles s’affronter dans la même partie de tableau au stade des quarts de finale. Vraiment dommage.

Au royaume du sport, tout n’est pas pourri, mais il demeure quelques pratiques et décisions qui laissent songeur. La planète foot est ébranlée, la planète rugby perturbée… Les sports populaires sont maltraités. Les puissants contrôlent, les sponsors rodent. En fait, tout est devenu question d’argent. Et malheureusement ce sont toujours les mêmes qui trinquent et qui subissent.

David Savary

Rédacteur en chef
Contact: david.savary@sport-et-tourisme.fr

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