Alizé Cornet : « La Lozère, la Bretagne et le Jura m’ont laissé sans voix… »
Rencontrée lors du dernier tournoi de Wimbledon, la célèbre joueuse de tennis et consultante nous a fait part de son goût profond pour la nature, des voyages et de certains coins en particulier dans notre pays.

Vous avez énormément voyagé. Quels endroits vous ont vraiment marqué ? Plutôt en France ou plutôt à l’étranger ?
Si je parle de l’étranger, l’Australie a longtemps fait partie de mes pays préférés. De par la mentalité des gens et les paysages incroyables. De par sa faune et sa flore, l’Australie est vraiment un pays extraordinaire. C’est très vaste, il y a énormément d’espaces. L’Australie demeure donc un pays qui me plaît énormément.
L’année dernière, j’ai eu aussi la chance de faire un Tour de France en fourgon aménagé. J’ai donc eu l’occasion de bien explorer. À mes yeux, trois régions sont sorties du lot. Je les connaissais très peu. Il s’agit de la Lozère, avec ses paysages époustouflants des Cévennes, la Bretagne et le Jura. Ces endroits m’ont vraiment laissé sans voix. Je continuerai à faire des voyages en France. Nous sommes un des plus beaux pays au monde.
Pourquoi ces trois régions en particulier ont retenu toute votre attention ?
J’adore la forêt. Cela m’apaise énormément. Ça doit me renvoyer à quelque chose de l’enfance, je ne sais pas… Comme j’adore la nature, la Lozère m’a particulièrement marquée. C’est le département le moins peuplé de France, donc il y a très peu d’agitation humaine, avec des paysages composés d’arbres, de vallées, de vallons, de collines et de lacs. C’est vraiment magnifique.
Concernant la Bretagne, il n’y a plus rien à prouver. C’est une région exceptionnelle, avec ses falaises et l’océan. C’est un paysage vraiment unique. Et puis, la gastronomie… À ne surtout pas oublier ! La Bretagne, c’est un vrai régal pour les papilles.
Le Jura, c’est bien différent. C’est aussi une région très verte, mais avec davantage d’altitude. L’ambiance y est plus « montagnarde », c’est un autre univers. Ce sont donc trois profils très différents. Selon moi, ce sont les trois régions qui se complètent le mieux en France.
Et évidemment, j’aime ma région plus que tout, les Alpes-Maritimes. J’ai la chance d’y vivre.
En arrivant à l’aéroport, je me suis rendue compte que c’était le passeport de mon conjoint
Avez-vous en tête une anecdote de voyage ?
J’en ai des dizaines. Cela fait plus de vingt-cinq ans que je suis sur la route, entre les oublis de passeport et tout le reste…
Je me souviens notamment d’une fois, où je devais partir en Chine. J’avais pris un passeport chez moi pour le voyage. Mais en arrivant à l’aéroport, je me suis rendue compte que c’était le passeport de mon conjoint de l’époque. Mon visa était dans mon propre passeport, donc je ne pouvais pas partir en Chine.
Au final, j’ai demandé à une personne en Blablacar de récupérer mon passeport à Cannes et de me l’amener à Paris. Malheureusement, la personne n’est pas arrivée à temps, et j’ai manqué mon vol. J’ai dû acheter un nouveau billet pour le vol du lendemain, direction la Chine, alors que je n’avais vraiment pas envie d’y aller.
Il faut vraiment faire attention à ses papiers quand on voyage à l’international. C’est crucial.
Sinon, avec notre fourgon l’an dernier, il nous est arrivé deux ou trois petites « broutilles ». Mais c’est justement ce genre de petits imprévus qui créent des souvenirs.
Comment organisez-vous vos vacances. Êtes-vous plutôt voyage organisé ou voyage improvisé ?
Un peu des deux. Une organisation minimale, ça rassure. Quand on a fait notre Tour de France en fourgon, on avait à peu près planifié notre trajet pour savoir où on allait. En revanche, pour le nombre de jours, le nombre d’arrêts, ou le temps passé à chaque endroit, tout a été totalement improvisé et spontané. J’aime bien garder cette part d’improvisation. Ça permet de se laisser aller, d’être plus à l’écoute de l’instant présent. La spontanéité, c’est très important dans ma vie. Donc, pour répondre à votre question, je penche plutôt pour un mix des deux, avec une grande part d’impro. C’est essentiel.
Le tournoi d’Indian Wells, une ambiance particulière, presque magique
Pour un passionné de tennis, quel tournoi au monde lui conseilleriez-vous en fonction de l’atmosphère et du cadre géographique ?
Le tournoi d’Indian Wells est vraiment exceptionnel. Il se situe en plein cœur du désert californien, entouré de montagnes et d’une végétation unique. Le fait que ce soit perdu dans le désert lui donne une ambiance particulière, presque magique. C’est pour cette raison que je le recommanderais. Là-bas, ce sont vraiment des fans de tennis, venus rien que pour cet événement. Un peu comme à Wimbledon, d’ailleurs. L’esprit est le même. Ce sont des passionnés, prêts à faire des heures de queue pour voir des matches.
Où vivez-vous aujourd’hui ?
À Cannes.
Si vous deviez poser vos valises, le paradis, ce serait où ?
(Sans hésiter). À Cannes, ou en tout cas dans les Alpes Maritimes. Dur, dur de changer de région (rires).
Le sport, même en vacances, c’est nécessaire pour vous ?
C’est même primordial. Si je ne joue pas au tennis, je fais des heures de randonnée chaque jour. Sinon, je pratique des sports plus ludiques, comme le padel, le football sur la plage ou le volley. Je suis obligée de faire ma dose de sport quotidiennement. Il faut absolument que quelque chose se passe. C’est indispensable pour que je me sente bien.
J’adore ma nouvelle vie
Quand on a connu une carrière aussi intense que la vôtre, comment vit-on l’après ?
Super bien. La vie est belle. Il y a tellement de choses que j’aime faire au-delà du tennis. D’ailleurs, je m’y suis remise un peu ces derniers mois. C’était vraiment une expérience super cool de reprendre la raquette, même pour quelques mois supplémentaires. Je sais donc que, quand ce sera vraiment terminé, je n’aurai aucun mal à tourner la page. J’adore ma nouvelle vie et les nouvelles aventures que l’avenir me réserve. Je n’ai aucun stress à ce sujet. Je suis plus excitée qu’autre chose de continuer ma vie sans tennis. Mais je ne serai jamais loin des courts, ça c’est sûr. C’est une passion qui restera toujours, et j’espère pouvoir la transmettre aux plus jeunes.
Comme entraîneur ?
Pas à court terme, en tout cas. Mais il y a plein d’autres façons de transmettre ce que j’ai appris, même sans être directement entraîneur.
Vous avez été alignée en qualification à Wimbledon. Cela vous a-t-il donné envie de continuer ?
Envie, oui. Mais vous savez, le problème, c’est que cela demande énormément d’entraînement. C’est quelque chose que j’ai fait pendant plus de vingt ans. À un moment donné, on se lasse un peu de cette discipline constante. Pour Wimbledon, j’ai vraiment voulu le faire par plaisir. Mais je ne suis pas du tout certaine de pouvoir me réimposer toutes ces heures d’entraînement et d’exigences. On verra bien. Je suis dans l’incertitude. On parlait de « l’impro », et je suis en plein dedans.
Quelques éléments de biographie
Alizé Cornet, quart-de-finaliste de l’Open d’Australie et huitième de finaliste à Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open, fait pleinement partie du patrimoine du tennis féminin français. Grande fan de Rafael Nadal, elle a connu une carrière d’une longévité exceptionnelle, depuis qu’elle a pris une raquette en main à l’âge de quatre ans. La Niçoise de 35 ans a remporté six titres en simple sur le circuit WTA depuis ses débuts professionnels en 2006. Elle a atteint la 11ème place mondiale, son meilleur classement, en février 2009. Finaliste de la Fed Cup en 2016, elle s’est distinguée par la qualité de son jeu de fond de court, son revers et sa combativité. Lorsqu’elle n’est pas consultante pour France Télévisions, la native des Alpes-Maritimes, grande amoureuse de la nature, se passionne aussi pour le piano et l’écriture, qu’elle considère comme ses « violons d’Ingres ». En mai 2022, elle a même publié son premier roman, « La Valse des Jours ».
Par Jean-Marc Azzola
Journaliste