Stéphane Diagana : « La Corse, un petit paradis à portée de main »

Ancien champion du monde du 400 m haies, membre de la Commission des athlètes chargée de la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, Stéphane Diagana ne cesse de mettre son expérience au service du sport. C’est également un grand voyageur. Destinations urbaines ou vacances nature, il nous confie ici ses coups de cœur.

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Stéphane Diagana lors du récent Paris Running Festival. ©David Savary

Vous avez beaucoup voyagé. Quels sont les endroits qui vous ont vraiment marqué, en France ou à l’étranger ?

Lorsque j’étais en compétition, j’ai certes beaucoup voyagé mais j’ai rarement eu le temps de visiter. Ceci dit, quand on part loin pour un championnat et qu’il y a du décalage horaire, on arrive bien avant afin d’être en forme le jour de la compétition. Il y a donc une période de récupération qui laisse parfois le temps de visiter. Mais la plupart du temps, ce sont des voyages courts, donc on visite l’aéroport, le stade et l’hôtel.

Vous avez tout de même des destinations que vous avez apprécié ?

Oui, je pense en premier lieu au Japon. J’ai eu l’occasion d’y aller une première fois à la faveur d’un championnat du monde, à Tokyo en 1991. Quelques jours auparavant nous avons effectué là-bas un stage de préparation. J’ai donc pu visiter un p’tit peu. Suffisamment pour que cela me donne l’envie de revenir. J’y suis donc retourné plusieurs fois et j’y retourne cet été pour les JO de Tokyo mais dans des conditions où l’on ne pourra pas du tout visiter avec la bulle sanitaire. J’aurais été très frustré si je n’avais pas déjà effectué six ou sept voyages au Japon.

Le Japon est une destination particulière. Je pense que j’aurais du mal à vivre dans les grandes villes car je suis un amoureux de la nature, mais ce qui est fascinant c’est que c’est une société très développée comme l’est la nôtre. Avec cependant des relations entre les gens, des modes de vie qui sont très différents des nôtres parce que très codifiés. C’est une vraie découverte. Au Japon, j’ai eu une expérience majoritairement urbaine dans différentes villes avec toute la dimension culturelle, les temples… Je trouve que c’est une société déroutante, pour le meilleur comme pour le pire.

Vous aimez la nature mais les vacances urbaines ne vous dérangent pas ?

Non cela ne me gêne pas. New York est une ville fascinante. J’y suis allé pour des compétitons, pour courir le marathon… J’en ai profité après ma carrière. Donc oui j’aime le tourisme urbain mais j’aime aussi le tourisme pleine nature, l’évasion. J’aime le voyage pour les beaux paysages, la faune et la flore mais aussi pour être interpellé dans nos façons de penser, dans nos modes de vie, nos relations. C’est une dimension qui m’intéresse aussi beaucoup dans le voyage. Cela signifie aussi rencontrer les gens, observer les sociétés dans lesquelles ils évoluent.

Vous êtes également attaché à des villes comme Athènes ou Rome ?

Oui Athènes comme Rome sont deux villes très particulières dans l’histoire de l’Europe. Quand on aime s’interroger sur notre histoire, celle de nos civilisations, on ne peut pas faire l’économie d’aller dans ces deux villes pour comprendre et ressentir. Plus encore qu’à Paris, on se sent transporté au tout début de la civilisation, avec sa philosophie, la science, les savoirs… Ce la questionne notre identité d’européen et même au-delà. Donc oui j’aime ces deux villes, je pourrai y retourner sans jamais m’en lasser. Je ressens toujours une émotion, il y a toujours quelque chose. Quand vous y revenez, l’émotion est toujours là. Peut-être que ceux qui y vivent en permanence ne s’en rendent plus compte. On ne peut pas être blasé en terme d’émotion quand on met les pieds sur les pavés de Rome ou d’Athènes.

Pouvez-vous nous partager une anecdote de voyage ?

Je suis allé à Rio il y a quelques années, c’était avant les JO en 2016. J’étais en compagnie de mon épouse. J’avais lu dans un guide qu’il ne fallait pas marcher le soir sur Copacabana, les rues ne sont pas éclairées… J’ai donc suivi les consignes, j’ai évité le côté plage pour privilégier le côté rue avec les boutiques… Cela n’a pas manqué, quelqu’un a voulu m’agresser. Pourtant j’étais couleur locale, un jean, des claquettes… on aurait d’ailleurs pu me prendre pour un Brésilien. Mais malgré tout, je devais avoir l’air d’un touriste.

Il y a une forme d’impunité qui encourage à faire tout et n’importe quoi. Bon… j’ai crié fort. Ma réaction a dû surprendre et le gars s’est enfoui. Mais s’il avait soulevé son t-shirt et si j’avais vu une arme comme il prétendait en détenir une, je n’aurais peut-être pas réagi comme cela. En résumé, des deux côtés, Copacabana le soir, il vaut mieux éviter.

Où vivez-vous aujourd’hui ?

Je vis dans les Alpes-Maritimes, à Vence non loin de Saint-Paul-de-Vence. Quand on évoque les Alpes-Maritimes, on pense plutôt à la mer, la plage. Mais il y a aussi le relief et la montagne. Je suis au pied de massifs qui montent à 1 200 m. Au-dessus de chez moi, il y a le col de Vence qui culmine à près de 1 000 m.

L’arrière-pays est magnifique (mal)heureusement assez méconnu. L’été, je suis bien content car il n’y a personne. Les gens ont tendance à s’agglutiner entre l’autoroute et le bord de mer qui est un espace plus dense, plus construit. J’ai la chance à proximité de mon domicile d’avoir des endroits sympas, des plateaux propices à la randonnée, de belles balades.

Comment choisissez-vous vos vacances, êtes-vous plutôt voyage organisé ou improvisé ?

Je dirais organisé par mes soins et ceux de ma femme, rarement avec une agence parce que ce serait trop compliqué pour l’agence. J’ai des envies, des besoins très spécifiques.

Par exemple j’adore les Açores. J’y suis allé deux fois mais à chaque fois nous ne restons pas au même endroit. Nous allons 4 jours sur une île pour faire de la rando, 4 jours sur une autre île pour découvrir, et puis comme j’adore naviguer, nous pouvons faire 4 jours supplémentaire en louant un voilier. Comme au Cap Vert aussi où j’ai adoré Santo Antao, île sauvage au nord de l’archipel. Ce sont des destinations hors de radar de beaucoup d’agences hormis celles spécialisées sur le trek.

De temps en temps, j’apprécie de faire des choses atypiques comme par exemple traverser les Pyrénées à vélo avec des amis. Cela demande un peu d’organisation mais j’aime ça, cela fait partie du plaisir comme trouver les bonnes adresses. Il n’y a rien de mieux pour se créer de bons souvenirs de vacances. Au final, j’aime avoir cette souplesse dans l’organisation, de décider du temps que je vais passer dans un endroit avant d’aller vers un autre.

Quel est votre prochain voyage ou votre prochaine destination de vacances ?

Avant de partir pour les JO de Tokyo, je vais passer une petite semaine dans ma belle-famille du côté du Croisic (Loire-Atlantique). Je me suis marié là-bas et j’apprécie d’y retourner souvent.  

Après les JO, je prévois un trip vélo d’une semaine avec des amis. Nous en faisons souvent comme l’an dernier en Italie. Depuis la maison, nous partons 4 – 5 jours en autonomie avec un petit sac. Si la fenêtre météo est bonne, cela se fait sans problèmes. Cette année nous allons probablement faire un combiné Slovénie-Croatie à vélo. Une sorte de 8 au départ de Trieste qui va monter dans la partie montagneuse de la Slovénie pour se terminer en Istrie.

Avec les succès de Tadej Pogacar et Primoz Roglic, la Slovénie devient très tendance en matière de vélo ?

C’est là qu’on voit la puissance du sport en terme de promotion touristique, ça place un pays sur une carte. Il arrive aussi que le sport soit utilisé à d’autres fins, pour de la géopolitique. Mais pour de la promotion touristique, du marketing territorial, c’est vrai que d’avoir des gens comme Pogacar qui pendant deux semaines va parler de la Slovénie, cela booste la destination. La Slovénie à vélo, cela va être un régal.

Le sport en vacances, c’est indispensable pour vous ?

Absolument. Et lorsque ce sont des vacances urbaines comme à New York, eh bien je vais marcher 20 km dans la ville pour la découvrir. C’est comme cela que je la ressens. Lorsqu’il y a beaucoup de décalage horaire comme au Japon, je me réveille très tôt, vers 04h30 – 05h00, et je pars courir. Je vois la ville se réveiller, c’est fabuleux.

Si vous deviez poser vos valises, le paradis ce serait où ?

Le paradis…, il y a toujours une dimension idéalisée. Si beaucoup de lieux me plaisent, il n’existe pas forcément d’endroit parfait. En fait tout dépend pour quoi faire. Si c’est pour me poser, ne plus avoir à travailler et juste profiter, la Corse ce n’est pas mal. J’ai beaucoup voyagé et je me rends compte que lorsqu’on visite la Corse, c’est un petit paradis à portée de main. Il y a une telle variété, une telle diversité, une telle beauté. En plus ce n’est pas trop loin.

Sinon je cite volontiers les Açores, j’ai un coup de cœur pour cette destination. Je n’aime pas trop en parler car j’ai peur qu’il y ait trop de monde… mais en fait non, il n’y aura jamais trop de monde car ce n’est pas une destination balnéaire avec du sable blanc. Et ce qui fait le tourisme de masse, c’est le sable, les parasols… Les Açores, c’est une destination de parapente, de trekking, de voile, de trail, de VTT, d’équitation, d’observation des cétacés. Idéal pour des vacances actives pas pour du tourisme de masse.

Quelques éléments de biographie

Né dans l’Aveyron trois jours après le premier pas de l’homme sur la lune, Stéphane Diagana détient l’un des plus beaux palmarès de l’athlétisme français. Spécialiste du 400 m haies, il se révèle lors des Jeux Olympiques de Barcelone en 1992 en se classant quatrième de l’épreuve. Médaillé de bronze lors des Championnats d’Europe à Helsinki en 1994, il doit toutefois renoncer aux JO d’Atlanta en raison d’une blessure. En août 1997, Stéphane Diagana devient champion du monde du 400 m haies à Athènes. Deux ans plus tard à Séville, il décroche la médaille d’argent. De nouveau blessé, il ne participer aux Jeux Olympiques de Sydney mais devient en 2002 champion d’Europe à Munich. L’année suivante, lors des championnats du monde à Paris Saint-Denis, Stéphane Diagana remporte la médaille d’argent du relais 4 fois 400 mètres en compagnie de Leslie Djhone, Naman Keita et Marc Raquil. Cette médaille d’argent se transforme en or après la disqualification un an après du relais américain pour dopage.

Chevalier de l’ordre national du Mérite, Stéphane Diagana détient toujours le record de France du 400 m haies en 47s37. Consultant pour France Télévisions, il intervient régulièrement en entreprise sur les thématiques du sport santé et de la performance. Stéphane Diagana est également membre de la Commission des athlètes chargée de la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024.

David Savary

Rédacteur en chef
Contact: david.savary@sport-et-tourisme.fr

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