Embarquement pour un « tour du monde en 80 stades »

Faire « Le tour du monde en 80 stades », voilà un projet aussi ambitieux qu’exaltant. C’est le pari réussi par Vladimir Crescenzo, journaliste supporteur de l’OM, qui dans son livre aux Editions du Chemin des Crêtes nous dévoile les terrains de foot les plus insolites de la planète. Du Groenland au sommet du Kilimandjaro, en passant par les Maldives, la Bolivie ou encore le Népal, l’auteur célèbre ici « l’amour du football sous toutes les latitudes ».

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Entre le désert d’Atacama et l’océan Pacifique, El Estadio Tierra de Campeones au Nord du Chili. ©Yerko Bustillas

Vladimir Crescenzo a un rêve, jouer un match de Ligue des Champions. Cette opportunité il l’entrevoit en 2019 avec le Pago Youth FC, club phare des Samoa américaines en Océanie. Après avoir contacté le président, l’entraineur et obtenu leur accord, ce « footballeur du dimanche » évoluant dans l’équivalent de la 11ème division française, décide de se lancer dans l’aventure et d’en revenir avec un documentaire. Malheureusement le Covid est passé par là et l’espoir de disputer la Ligue des Champions d’Océanie est remis à plus tard.

Hasard de la vie, Vladimir Crescenzo rencontre dans une soirée Tristan Duchet, le patron des Editions du Chemin des Crêtes. Ce dernier lui soumet sa volonté de réaliser un ouvrage autour des stades les plus spectaculaires de la planète. L’idée fait tilt, et Vladimir, s’appuyant sur son envie de jouer dans un petit stade d’un archipel océanien, se lance dans le projet. Avec l’opportunité, dit-il de « mettre en lumière l’histoire et la culture de certains clubs souvent peu médiatisés ».

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Fan de l’OM, Vladimir Crescenzo aime raconter le sport le plus populaire de la planète avec un regard décalé. ©Editions du Chemin des Crêtes

Des environnements naturels spectaculaires

Afin de nourrir son « tour du monde en 80 stades », l’auteur a d’abord sélectionné des enceintes et des terrains se trouvant « un environnement naturel spectaculaire ». « Tristan Duchet m’a donné « une totale carte blanche dans la construction du bouquin » indique Vladimir Crescenzo. Grâce à de superbes photographies, on s’évade ainsi d’un stade au pied de l’Himalaya à un autre situé dans un township au Nord-Ouest de Windhoek, la capitale de la Namibie, en passant par un terrain sur le fjord Uummannq, l’endroit le plus ensoleillé du Groenland, à l’ouest de l’île. Et puis il y a aussi ce match qui s’est déroulé à 5 756 mètres dans un cratère volcanique du Kilimandjaro. Les vues sont incroyables comme également le stade A Molini, le plus septentrional des Iles Féroé. Personnellement le décor qui m’impressionne le plus est peut-être celui du Meshchersky Park, un terrain en périphérie de Moscou qui se (con)fond avec la forêt environnante.

Même s’il est difficile de choisir, Vladimir Crescenzo a lui aussi ses coups de cœur. Vivant à Marseille, il connait bien sûr le stade Francis Di Giovanni qui abrite le club d’Endoume. C’est d’ailleurs le seul stade français au menu du livre et l’un des rares, avec le stade Valeriy Lobanovskyi en Ukraine, fréquentés par l’auteur qui avant de se lancer dans l’écriture avait déjà entendu parler du Nanortalik Stadion au Grenland, du Victoria Stadium à Gibraltar ou Rheinpark Stadion au Liechtenstein.

L’attirance du journaliste se focalise aussi sur les stades chiliens, « coincés entre la montagne et l’océan, ils sont particulièrement impressionnants ». Une mention spéciale pour l’Estadio San Carlos de Apoquindo à Las Condes parce que « football et politique y sont étroitement liés ». Idem en Asie pour le Hong Kong Stadium, en corrélation avec l’actualité et qui devient « l’un des derniers bastions de contestation des Hongkongais face au régime de Pékin ».  

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Le Terrain de la Médina à Chefchaouen au Maroc. ©Guillem Lopez Bis

Hommage au sport le plus populaire de la planète

Vous l’avez compris, on voyage beaucoup à travers ce livre mais on y raconte aussi des histoires. Cela fourmille d’anecdotes et rend compte d’initiatives locales, lesquelles constituent un formidable hommage au football amateur et à l’universalité du sport le plus populaire de la planète. « Il a fallu trouver un compromis entre l’esthétisme et les faits racontés ayant une résonnance sur le plan sociétal, géopolitique et culturel » résume Vladimir Crescenzo qui considère que cet ouvrage peut « se feuilleter du coin de l’œil comme d’être lu de façon plus approfondie ». En toute décontraction et à contre-pied du football business.

Il le dit dans son introduction. « Le stade de football est un lieu de communion par excellence. Un espace où se mêlent toutes les composantes de la société, rassemblées derrière une même équipe pendant 90 minutes. C’est là que se façonne la mémoire collective des supporteurs, construisant une culture propre à chaque club ». On ne peut dire mieux à l’heure où le football acquiert de plus en plus une dimension mercantile. « On peut comprendre que le football et les stades se modernisent, moins quand les spectateurs sont de plus en plus considérés comme des consommateurs. À l’OM, au Vélodrome, on est épargnés par ça, mais c’est peut-être parce que je vais en virage au milieu des Ultras » affirme Vladimir Crescenzo.

Prendre conscience de la dimension écologique

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El Estadio Saturnino Moure à Buenos Aires en Argentine. ©Hernan Perez Aguirre Bis

Animé par sa passion du foot doublée d’une curiosité du monde qui l’environne, le jeune journaliste reconnait que la tenue de l’actuelle Coupe du Monde au Qatar est « une catastrophe, tant sur le plan humain qu’écologique ». « Tiraillé entre la passion et la raison », il s’est posé beaucoup de questions quant au boycott ou non de ce Mondial. Finalement il a trouvé un compromis. « Afin de ne pas faire d’audience, je regarde les matches en streaming illégal » explique-t-il. Et de mettre en garde sur la prochaine Coupe du Monde qui se tiendra simultanément aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique en 2026. « Compte tenu de la distance entre les stades, le bilan écologique sera bien plus désastreux que celui du Qatar. J’aimerais qu’on prenne conscience de cela » souligne Vladimir Crescenzo.

En attendant cette future compétition, et alors que le Mondial Qatarien bat son plein dans des stades climatisés, l’auteur demeure toujours dans la quête de son rêve. Jouer la Ligue des Champions d’Océanie. « Reste à espérer que les étoiles s’alignent pour l’édition 2023 et que cette aventure humaine se concrétise ». Une épopée qu’il pourra peut-être narrer dans un prochain livre. D’ici là, ne manquez-pas son « Tour du monde en 80 stades ». Pour les passionnés de sport et de football, il s’agit assurément d’un joli cadeau de Noël.

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« Le Tour du Monde en 80 stades »

Par Vladimir Crescenzo.

Aux Editions du Chemin des Crêtes.

Format à l’italienne (24 X 19,5 cm).

192 pages, 29 euros.

David Savary

Rédacteur en chef
Contact: david.savary@sport-et-tourisme.fr

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