Au royaume de La Grande Odyssée, les chiens sont rois

Depuis sa première édition en 2005, La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc est l’évènement annuel du chien de traîneau en Europe. Une compétition en dix étapes sur près de 400 km qui mobilise une soixantaine de mushers et leurs 600 chiens-athlètes. À l’invitation de la marque Flexadin, nous avons pu assister le 8 janvier au prologue puis le lendemain au départ de la première étape dans les montagnes du Giffre.

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Chaque année quelque 50 000 spectateurs viennent assister à cette célèbre course de chiens de traîneaux. ©LGO Romain Tissot

Samoëns, nous y sommes. L’arche rouge et blanche de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc se dresse fièrement dans un beau ciel bleu. Les conditions d’enneigement sont bonnes. Le protocole sanitaire de rigueur mais pas trop pesant. Dans le paddock, les handlers qui préparent et s’occupent des chiens s’affairent auprès de leurs athlètes à quatre pattes. Les mushers, conducteurs de l’attelage, sont concentrés. Comme le souligne Annabel Kam, la directrice de cet évènement, « tout est réuni pour que les mushers – au total 62 inscrits issus de sept pays dont 9 femmes – et les spectateurs prennent du plaisir durant les 12 jours de compétition ».

L’une des courses les plus dures au monde

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Certaines étapes se déroulent de nuit rendant les conditions de course beaucoup plus difficiles. ©LGO Ripon

« Technique, physique, cette année le parcours est complet. Je suis très motivé » affirme Rémy Coste, tenant du titre et cinq fois vainqueur de l’épreuve. L’homme vit et se prépare en Laponie suédoise, n’hésitant pas à se lever chaque jour à 1 heure du matin pour faire courir ses chiens, les hydrater et leur faire faire des massages et des séances d’orthopédie. La préparation est aussi rigoureuse qu’exigeante. Car La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc, LGO pour les initiés, est une des courses les plus dures au monde. Un peu comme si l’on s’aligne au départ d’un Iroman. Songez plutôt, près de 400 km en 12 jours, plus de 12 000 m de dénivelé positif cumulés, soit presque trois fois l’ascension du Mont Blanc.

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Concentration, détermination dans le regard, c’est sûr il veut la victoire. ©LGO Ripon

Plus le départ du prologue approche, plus le public se presse aux abords du Lac aux Dames à Samoëns. En habitué de la compétition, Rémy Coste reste placide. Dans le milieu c’est une star. Il suffit de voir son immense car avec son portrait et ses sponsors affichés sur ses flancs. Le presque quinqua originaire de Saint-Etienne est un compétiteur dans l’âme. S’il vise un sixième titre sur La Grande Odyssée, avec ses scandinavian hounds, il espère aussi remporter les championnats du monde de chiens de traîneaux fin février en Suède, et la Norway Trail en mars. « Il y a évidemment l’entrainement, mais pour être un bon musher, il faut en plus de la patience et se remettre perpétuellement en question » déclare cet ancien Meilleur Ouvrier de France en boulangerie en 2000.

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Rémy Coste, avec cinq victoires sur la Grande Odyssée, c’est le recordman de l’épreuve. ©DS

« Il y a du Jack London dans la catégorie Open »

Nous sommes à quelques minutes du prologue disputé sur 1 km lors de cette 18ème édition. Sur La Grande Odyssée qui se court en dix étapes, les mushers ont la possibilité chaque jour d’atteler six à dix chiens. Le choix est fonction de la forme des animaux, du dénivelé et de la technicité du parcours. Les chiens justement, deux races (voir ci-dessous) sont privilégiées, les chiens nordiques et les alaskans. Les aboiements traduisent leur impatience. Préparés et entrainés comme des humains, ils ne demandent qu’à partir.

« Il y aura des larmes, il y aura des pleurs, il y aura de l’émotion ». Ça c’est Daniel Gaïnetdinoff, le speaker officiel de La Grande Odyssée qui chauffe le public venu en nombre. Une vedette aussi celui-là. « Regardez tous ces chiens, ils savent que c’est une compétition internationale, ils se sont préparés comme jamais » hurle-t-il au micro tel un commentateur de foot. La nuit est tombée, il demande aux spectateurs des applaudissements et des encouragements pour les participants, il les obtient.

« Cinq, quatre, trois…, top », le départ est donné. Les handlers s’effacent, chiens et mushers ne forment plus qu’une seule équipe. « Ils vont tout donner » que ce soit en catégorie Limited (pool de 8 chiens) ou Open (pool de 12 chiens), la catégorie reine. Les équipages, en provenance de sept pays, s’élancent toutes les deux minutes. Au fur et à mesure des départs, Daniel poursuit son festival : « croyez-moi, il y a du Jack London dans la catégorie Open ». À l’occasion de cette « course d’une vie », le speaker vante tel concurrent « né sur un traineau », ou cet Allemand, « doyen de l’épreuve avec ses 71 ans » ou encore ce musher qui s’est « marié à sa vétérinaire ». De belles histoires, il y en a et Daniel sait les raconter comme ce jeune musher qui court pour la première fois et remplace au pied levé son père compétiteur tombé gravement malade. Des larmes perlent sur ses joues au moment de sa mise en action.

Le mushing fascine mais ne paie pas

Le prologue terminé – les temps ne sont pas pris en compte pour le classement général -, les chiens se font masser. Au même moment, un grand feu d’artifice est tiré dans le ciel septimontain. Les téléphones portables n’en perdent pas une miette et captent l’instant présent. Une réussite ! Clap de fin pour la cérémonie d’ouverture. Place le lendemain à la première étape, « seulement » 28 km entre Morillon dans le Haut-Giffre et Samoëns. Ce n’est pas la plus longue (44 km entre Bessans et Bonneval-sur-Arc le 16 janvier), mais « on saura si on est dans l’allure » confie Rémy Coste.

Le mushing fascine petits et grands mais ce n’est pas une discipline où l’on fait fortune. Malgré son statut de star, Rémy Coste ne vit pas de son sport. Raison pour laquelle il a créé avec son épouse une activité de séjours touristiques à Älgbäck en Laponie suédoise. Là-bas les touristes français peuvent s’élancer « à vive allure à la tête d’un attelage de chiens de course dans des paysages époustouflants ». « Il faut compter environ 1 500 euros par personne pour un stage d’une semaine » précise Rémy Coste qui possède pas moins de « 50 chiens ».

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Tout comme leurs chiens, les mushers s’entrainent énormément pour obtenir un bon niveau de performance. ©LGO Romain Tissot

Dans un décor alpin unique au monde, La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc fait vivre « une aventure avec un grand A ». Les 20 stations, villes et villages traversés bénéficient d’un bel éclairage avec cette compétition. « C’est avant tout un évènement d’image qui fait parler du territoire » rappelle Annabel Kam. Les moyens déployés sont colossaux, des drones mais aussi des motoneiges médias qui suivent la course. LGO possède sa propre équipe de production qui délivre des images fortes et spectaculaires. « Près de 1 000 personnes interviennent au moins une journée dans l’organisation » affirme Annabel Kam qui parle aussi d’un évènement « construit comme un média qui traverse la montagne grandeur nature ».

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Suite au décès de son père Henry Kam (fondateur de l’évènement), Annabel Kam dirige La Grande Odyssée
Savoie Mont Blanc depuis 2017. ©David Savary

Le dimanche 9 janvier, pour la première étape dans la station de Morillon, il neige abondamment. Qu’importe, le public est toujours aussi important. Le carré VIP bat son plein. Le vin chaud réchauffe les cœurs et les corps. Daniel est là bien sûr. Bien emmitouflé dans sa doudoune, il déroule le nom de ces navigateurs des neiges qu’il connait par cœur. Avec toujours une petite anecdote à narrer qui tient en haleine les spectateurs. Les téléphone portables sont toujours de sortie. LGO, c’est super photogénique.

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Vue sur le village de Morillon, théâtre du départ de la première étape. ©David Savary

En même temps et sur la même piste que La Grande Odyssée, différents trophées sont disputés. Cela dynamise l’épreuve. À chacun des trois prix mis en jeu, dix mushers supplémentaires viennent se greffer à la course. Le premier trophée disputé est le trophée Flexadin (voir ci-dessous) qui se déroule sur trois étapes entre le 9 et le 11 janvier. Flexadin, marque du laboratoire Vétoquinol qui se fait fort de soulager les bobos de ces athlètes à quatre pattes.

La Team Vétérinaires présente 24 heures sur 24

Car sur la Grande Odyssée, on ne joue avec la santé des animaux. Une Team Vétérinaire composée d’une dizaine de praticiens est présente pour veiller chaque jour au bien-être des chiens. « À l’arrivée de chaque étape, nous devons superviser quelque 350 chiens » résume le docteur Batsheva Bonnet qui met en avant « une clinique mobile » à même de soigner tous les types de pathologies. Si besoin, la Team Vétérinaires peut réaliser en pleine montagne et dans des conditions extrêmes des radiographies numériques, des échographies et des bilans sanguins. « Nous sommes sur des athlètes de haut niveau » rappelle Batsheva Bonnet qui prend plaisir à revoir chaque année les mushers et leurs chiens, « c’est devenu une grande famille ».

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Les chiens sont auscultés quotidiennement par les vétérinaires. ©LGO Romain Tissot

Par ailleurs, et de façon très sérieuse, le règlement précise que des contrôles anti-dopage seront réalisés sur les chiens par les organisations habilitées. Des contrôles peuvent également être réalisés sur les mushers par prélèvement aléatoire d’urine. Ça ne rigole pas.

Rien n’est laissé au hasard. Pendant que se déroule cette première étape, au PC Course, Patrick Vial assisté de Stéphanie veillent au bon déroulement de l’épreuve. « Chaque musher est équipé d’une puce de chronométrage et d’une balise GPS ce qui nous permet de voir sa position en temps réel sur écran » explique le responsable. Les chiens sont également dotés d’une puce, « il est déjà arrivé qu’un musher perde un de ses chiens ». Des motos-piste ouvrent et ferment la course. À l’issue de chaque étape, le PC Course « édite l’ensemble des résultats qui sont ensuite soumis à la validation du juge ».

Rémy Coste, cinq victoires au compteur, bien parti pour une sixième

La première étape se termine. Et c’est notre champion Rémy Coste qui s’impose à Samoëns. En bouclant les 28 km en 01h37, il devance de près de 7 minutes le deuxième, l’Allemande Sylvia Ulrich. C’est donc lui qui portera le maillot rouge de leader pour la deuxième étape le lendemain entre Praz de Lys Sommand et Montagnes du Giffre. Mais d’ici le 19 janvier la route est encore longue.

Après la course à huis clos l’an dernier, Annabel Kam est ravie. Aussi étonnant soit-il, elle n’a pas de chiens, « j’en ai 600 à gérer en 12 jours, cela me suffit » dit-elle en souriant. Sur tous les fronts pour cette 18ème édition, elle doit aussi songer à la future convention signée pour trois ans et qui lie La Grande Odyssée aux collectivités locales et à des partenariats privés. « C’est le même modèle économique que le Tour de France » explique-t-elle. Un modèle qui fonctionne bien puisque 50 000 spectateurs en moyenne se déplacent chaque année dans les stations et sur le bord des pistes.

Flexadin sensibilise aux problèmes d’articulation des chiens

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Ludivine Ludger et Clarysse Guillemain, ambassadrices de la marque Flexadin sur la Grande Odyssée. ©David Savary

Marque iconique du laboratoire Vétoquinol, Flexadin Advanced est partenaire depuis trois ans de La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc. Pour Ludivine Ludger, chef de produit, c’est une évidence car cet évènement véhicule « des valeurs que nous partageons ». Et de mettre en avant « la relation privilégiée entre l’homme et l’animal ». Chacun le sait, la pratique sportive a des effets bénéfiques pour l’organisme humain comme pour celui de l’animal. Malheureusement le sport intensif, en compétition notamment, peut entrainer des lésions articulaires. « 20% des chiens connaissent des problèmes d’articulation à partir de 1 an, 80% lorsqu’ils ont plus de 9 ans » explique Ludivine Ludger. Sur la Grande Odyssée, lors du prologue au sein du Village Départ, Flexadin disposait d’un stand pour sensibiliser les propriétaires de chiens sur les problématiques de lésions musculaires et articulaires. « Au sein de notre laboratoire, nous œuvrons tous les jours pour proposer des solutions afin de soulager les douleurs et les maux des animaux » affirme la jeune chef de produit.

Les différentes races de chien de traîneau

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©LGO Ripon

Les chiens nordiques

Le husky de Sibérie : Ce chien est d’une race très ancienne développée dans l’extrême nord-est de la Sibérie par les Tchouktches. Importé en Alaska à l’époque de la ruée vers l’or, le husky de Sibérie est le chien le plus performant des races nordiques.

L’esquimau du Groenland : Le Groenlandais est un chien au caractère très rustique. Son endurance et son entretien facile en ont fait le chien préféré des explorateurs de l’Arctique et de l’Antarctique comme le français Paul-Emile Victor qui a été le premier à en importer en France.

Les alaskans

L’alaskan husky : L’alaskan husky est la race que l’on rencontre le plus souvent sur les grandes courses de chien de traîneau. À l’origine, il est issu du croisement de huskies de Sibérie, de chiens de villages indiens d’Alaska, de chiens de chasse et même de loup. Typé nordique, c’est le chien le plus performant en course de longue distance.

Le scandinavian hound ou eurohound : Issu du croisement d’Alaskans huskies et de chiens de chasse, c’est le roi de la mid-distance et du sprint. Il est à son aise sur les courses à étapes.

Chaque chien a un rôle dans l’équipe, dans l’attelage :

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©LGO Romain Tissot
  • Les wheel-dogs, les chiens les plus près du traîneau donnent de la puissance.
  • Les team-dogs, les chiens qui se trouvent au milieu de l’attelage.
  • Les swing-dogs, les jeunes chiens qui deviendront un jour lead-dogs.
  • Les lead-dogs, les chiens de tête (souvent des femelles) sont les yeux du musher et en même temps « le volant » de l’attelage en suivant les ordres de direction de leur musher.

La Grande Odyssée en quelques chiffres

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©DS

  • 10 étapes totalisant près de 400 km d’effort.
  • 12 000 m de dénivelé positif.
  • 40 km en moyenne par jour.
  • 600 chiens-athlètes de haut niveau.
  • Une vingtaine de stations, villes et villages en habits de fête.
  • Une course gagnée en 14h18 par Rémy Coste en 2021.
  • Une moyenne supérieure 20 km/h de moyenne, un écart d’1h05 entre le vainqueur et le second.
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Tractive, pour ne plus perdre son chat ou son chien

Partenaire officiel de La Grande Odyssée 2022, Tractive conçoit des GPS traceur pour chiens et chats. Soucieuse elle aussi du bien-être des animaux, l’entreprise propose une innovation pour permettre aux propriétaires de retrouver facilement leur animal et de lutter contre la perte des animaux de compagnie.

David Savary

Rédacteur en chef
Contact: david.savary@sport-et-tourisme.fr

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