Comprendre l’esprit olympique au Mémorial de la Shoah

Jusqu’au 17 novembre, au Mémorial de la Shoah à Paris, l’exposition « Jeux Olympiques : miroir des sociétés » nous invite à réfléchir sur les multiples enjeux sociétaux du plus grand évènement sportif de la planète. En mode immersion, c’est ici l’occasion de (re)visiter un siècle d’olympiades dont certaines furent sous le joug de l’instrumentalisation. Quelques pièces rares et originales sont également présentées.

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Lorsqu’on arrive, nous sommes accueillis par les champions. ©DS

« Les Jeux font partie de la mémoire collective. Tout le monde se souvient d’un athlète, d’un moment » souligne Caroline François, coordinatrice des expositions itinérantes du Mémorial de la Shoah, en préambule de cette exposition qui a mobilisé trois commissaires, elle-même ainsi que Paul Dietschy, professeur d’histoire contemporaine, directeur du Centre Lucien Febvre à l’Université de Franche-Comté ; ainsi qu’Hubert Strouk, responsable du service pédagogique du Mémorial de la Shoah.

Les Jeux épousent l’évolution et l’histoire mouvementée du monde moderne

Depuis les premiers de l’ère moderne en 1896 à Athènes à ceux que nous nous apprêtons à vivre en France, les Jeux Olympiques n’ont eu de cesse de refléter et d’accompagner l’évolution du monde moderne. Un marqueur indélébile qui nous revient parfois en mémoire. De façon agréable ou pas. Parce que les Jeux renvoient à notre propre vécu, de la même manière qu’ils épousent l’histoire mouvementée du XXème siècle avec la mise en œuvre des grandes dynamiques géopolitiques (mouvements de décolonisation, apartheid, mondialisation) ainsi que les grandes avancées sociétales (féminisation, inclusion des minorités).

Deux salles, une même résonnance

Bien que le lieu soit relativement petit, le parcours de l’exposition au troisième étage du Mémorial de la Shoah ne doit rien au hasard. Deux salles s’offrent au visiteur. La première est consacrée aux symboles olympiques : le défilé (apparu en 1908 à Londres), les anneaux (créés en 1913), le serment (en 1920 à Anvers) et la flamme (en 1928 à Amsterdam) alors que la seconde propose une réflexion plus large, à la fois chronologique et thématique, sur le sport et les Jeux Olympiques.

Notons que la visite de l’exposition débute par la traversée d’un couloir immersif censé procurer « la sensation de rentrer dans l’arène ». Des portraits lumineux de sportifs et de champions olympiques comme Carl Lewis, Mohamed Ali ou Teddy Riner donnent l’impression de former une haie d’honneur accueillant le visiteur.

Beaucoup de documents liés aux JO de 1936, 1968 et 1972

De manière générale, cette exposition – labellisée Olympiade Culturelle – montre que l’histoire des Jeux Olympiques est jalonnée de discriminations et d’exclusions. D’instrumentalisation par les régimes totalitaires et autoritaires. Une large place est accordée aux JO de 1936 à Berlin, 1968 à Mexico et 1972 à Munich.

À travers la mise en avant de certains destins individuels d’athlètes célèbres (Jesse Owens, Alain Mimoun, Nadia Comaneci) ou méconnus (Sam Rabin, Alfred Nakache, Eva Szekely, Wilma Rudolph) du grand public, l’exposition s’attache à montrer comment les valeurs de l’Olympisme peuvent aussi concourir à un engagement fort en faveur de la tolérance et de l’inclusion.

Le maillot de Jesse Owens

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Le fameux maillot du champion Jesse Owens. ©DS

Archives écrites, sonores et audiovisuelles, extraits littéraires, iconographie abondante, objets divers et variés, cette exposition nous donne beaucoup à voir et à entendre. Parmi les curiosités mises en valeur, signalons des tickets d’origine pour accéder à l’Olympiastadion, le stade olympique de Berlin façonné par les nazis pour les Jeux de 1936, ou le maillot d’origine de Jesse Owens lorsqu’il était étudiant à l’Ohio State University. L’athlète américain, vainqueur de quatre médailles d’or aux Jeux de Berlin, qui a toujours considéré que le sport pouvait être un moyen d’ascension sociale et un instrument de lutte contre les préjugés sociaux. Autre objet patrimonial, le badge de l’Olympic Project for Human Rights (OPHR) porté par les sprinteurs Tommie Smith et John Carlos lors des JO de Mexico en 1968.

Une expo pour tous les public

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Une expo immersive, didactique, instructive et qui donne à réfléchir. ©DS

Avec cette exposition, on voit « tout le profit qu’on peut tirer du sport pour comprendre les enjeux du XXème siècle » résume Hubert Strouk. Il faut compter environ 1h15 pour la parcourir. Que l’on soit passionné de sport ou pas, on y apprend énormément de choses. On en ressort aussi grandi puisque cette exposition nous interroge sur la question des préjugés et des discriminations. « C’est aussi pour cela qu’elle s’adresse à tous les publics, les familles et bien sûr les scolaires » explique Caroline François.

Davantage d’informations ici.

David Savary

Rédacteur en chef
Contact: david.savary@sport-et-tourisme.fr

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