BikingMan Sri Lanka : « Nous étions des Ovnis là-bas »

Etudiant en journalisme, Adrien Leroux est aussi un adepte convaincu de l’ultracyclisme. Après avoir bouclé le très exigeant BikingMan Aura l’été dernier, le jeune picard vient de terminer le BikingMan Sri Lanka. Une aventure non sans difficultés sur « la perle de l’Océan Indien » mais avec le sentiment d’avoir vécu une expérience hors du commun.

BikingMan Sri Lanka : « Nous étions des Ovnis là-bas » 1
Adrien Leroux, fier et heureux d’être finisher.

« Même si on se sent très fatigué, qu’est-ce ça fait du bien. Une magnifique parenthèse et une sacrée bouffée d’oxygène » résume Adrien Leroux après avoir disputé son deuxième BikingMan. Tout comme le premier, l’Aura au cœur de la région Auvergne-Rhône-Alpes, celui se disputant en mode Gravel au départ de Colombo, la capitale du Sri Lanka, n’aura pas ménagé les forçats de la route et des pistes.

1 000 km à réaliser en moins de cinq jours avec des températures jusqu’à 44°

Là encore le défi était de taille puisqu’il fallait boucler une distance de 1 000 kilomètres en moins de 120 heures (cinq jours), avec 10 000 mètres de dénivelé positif. « J’ai beaucoup souffert de la chaleur avec des températures jusqu’à 44° et un taux d’humidité qui atteignait les 90%. Nous étions toujours trempés, c’était dur à gérer » avoue l’actuel étudiant en première année de journalisme à Toulouse.

Avec de telles conditions, l’alimentation et la bonne hydratation constituent un facteur déterminant. « Heureusement il y avait pas mal de petits marchands qui vendaient des bouteilles d’eau, des biscuits sur le bord de la route. Moi j’avais deux litres pour environ 1h30 d’effort, ce n’était pas énorme » raconte Adrien qui loue dans le même temps « la bienveillance » de la population sri lankaise.

Une noix de coco salvatrice

BikingMan Sri Lanka : « Nous étions des Ovnis là-bas » 2
Ce jeune Sri Lankais a fait près de cinq kilomètres dans la montagne pour désaltérer Adrien avec une noix de coco.

Il retient notamment cette anecdote, « un jeune homme que j’ai croisé n’a pas hésité à faire 4-5 kilomètres dans les montagnes pour aller me chercher une noix de coco afin que je me désaltère ». « Cela m’a fait un bien fou, explique le Picard qui a donc pu compter sur « la gentillesse des Sri Lankais » pour mener à bien son aventure.

Car comme l’indique Axel Carion, fondateur du concept BikingMan, celui-ci se présente comme « une exploration de soi mais également une exploration des autres ». Ces épreuves d’ultradistance à vélo, en autonomie et sans assistance, fascinent autant qu’elles nourrissent de la crainte et de l’appréhension. Au global une immersion culturelle dans un environnement insolite permettant de tester ses limites.

BikingMan Sri Lanka : « Nous étions des Ovnis là-bas » 3
L’hospitalité et la gentillesse des Sri Lankais n’est pas un vain mot.

Des Sri Lankais intrigués

« Nous étions vraiment des Ovnis là-bas. On empruntait des routes que même les Sri Lankais ne prenaient pas. Quand ils nous voyaient avec nos vélos d’un certain prix et tout notre attirail, forcément cela les intriguait » explique Adrien Leroux qui a reçu son vélo Gravel deux semaines seulement avant le début de l’épreuve.

Comme il faisait très chaud, les concurrents s’efforçaient de pédaler « un maximum la nuit », histoire de gagner quelques degrés. « Parfois dans la jungle, tu entendais une sorte de mégaphone avec un appel à la prière, tu te demandais où tu étais » poursuit Adrien qui ne manque pas de souligner le côté « exotique » de cette aventure.

« La pression des chiens la nuit »

Une aventure on ne peut plus palpitante avec aussi « la pression des chiens la nuit qui te courraient après ». « Je ralentissais, et je leur disais non, non, non avec mon doigt » affirme le jeune homme originaire du Crotoy qui ne s’est pas fait mordre les mollets. Sur la « perle de l’Océan Indien », les animaux sont rois. Avec une zone montagneuse centrale, de nombreuses forêts tropicales et des lacs enchanteurs, le pays est peuplé d’espèces endémiques, en particulier l’éléphant du Sri Lanka.

« Souvent les Sri Lankais nous disaient, n’allez-pas par-là, il y a des éléphants, c’est dangereux. Mais nous n’avions pas le choix, nous devions avancer. Nous étions toujours sur le qui-vive, c’était hyper stressant » décrit Adrien qui bien qu’apercevant « déjections et branches cassées » n’aura jamais croisé la route du moindre pachyderme. Tout juste un serpent pas très hospitalier.

Vigilance « au milieu de bandes de scooters »

Sur le BikingMan, s’adapter à des terrains variés n’est pas la moindre affaire. Que ce soit sur les sentiers, les terrains escarpés comme sur les routes, secondaires et principales. Avec en plus la conduite à gauche. « C’était difficile à gérer, reconnait Adrien. Parfois tu passais par des villes où il y avait des milliers de véhicules, et tu pouvais te retrouver au milieu de bandes de scooters, il fallait toujours être vigilant ». De même « quand un bus arrive en face de toi, il est prioritaire. Si tu ne t’écartes pas, tu peux te le prendre à 70 km/h » précise encore le jeune homme de 22 ans.

« J’ai été pris de vertiges, je suis tombé »

Bref ce BikingMan Sri Lanka n’a pas été sans émotions fortes. « Quand tu commences à 3 heures du matin pour finir à 23 heures, c’est éprouvant » reconnait Adrien. C’est tellement fatiguant qu’à l’issue d’une grosse journée de pédalage passée à slalomer entre les cailloux et les trous causés par la mousson, Adrien s’est effondré au kilomètre 665 en arrivant à son hôtel. « J’ai été pris de vertiges, je suis tombé, ma tête a heurté le sol, heureusement j’avais gardé mon casque » raconte-t-il. Et de faire mention de « l’organisation au top » de ce BikingMan avec notamment le directeur de la course ainsi que le représentant de SriLankan Airlines – partenaire de cet évènement – qui sont venus s’enquérir de sa santé. « S’il n’y a pas eu d’incidents majeurs sur cette course, c’est grâce à eux » complète le jeune homme qui avait ce jour-là « atteint ses limites physiques ».

Onze heures de sommeil en quatre jours de course

Cinquante personnes étaient au départ du BikingMan Sri Lanka, quarante ont terminé dont Adrien Leroux, finisher à la 11ème place en 93 heures et 30 minutes, soit un peu moins de quatre jours. « Finir cette épreuve à l’exotisme fou constitue déjà une victoire en soi. Je suis ravi d’être à la 11ème place » déclare celui qui gagne « une médaille, un t-shirt, et surtout des souvenirs pleins la tête ». Avec également un petit déficit de sommeil, « j’ai dormi seulement onze heures sur les quatre jours, soit trois heures en moyenne par nuit » précise-t-il.

A noter que c’est le belge de 28 ans Guillaume De Spoelberch qui remporte ce BikingMan en 51 heures et 56 minutes. Il précède la française Laurianne Plaçais, championne du monde 2023 d’ultracyclisme BikingMan, « une machine » aux dires d’Adrien Leroux.

BikingMan Sri Lanka : « Nous étions des Ovnis là-bas » 6
Des panoramas particulièrement photogéniques.

Prochain défi, le BikingMan Maroc

A peine rentré, l’étudiant en journalisme à Toulouse, qui a reçu le feu vert de son directeur d’école pour se libérer, se projette déjà sur un autre BikingMan, le X qu’il devrait faire en duo à compter du 22 septembre dans l’Atlas marocain. « Le directeur de la communication de la marque française de cycles Origine qui n’est autre que le mari de Laurianne Plaçais m’a demandé si j’étais partant pour faire le BikingMan Maroc avec lui pour réaliser un film sur notre aventure et le représenter ensuite à des festivals de vélo, j’ai dit ok » explique Adrien Leroux qui espère donc bien être sur la ligne de départ. Ce sera déjà son troisième BikingMan. Une prouesse à cet âge.

David Savary

Rédacteur en chef
Contact: david.savary@sport-et-tourisme.fr

S’abonner
Notifier de
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires

La Newsletter de Sport et Tourisme.

Chaque semaine, nous vous envoyons une sélection d'articles consacrés au tourisme sportif.

RECEVOIR LA NEWSLETTER