Kilimandjaro, plus c’est haut, plus c’est beau !
Pour bon nombre de trekkeurs, l’ascension du Kilimandjaro représente l’accomplissement d’une vie. Une expérience humaine unique que l’on n’oubliera jamais. Initiée et portée par le réseau Cediv Travel, encadrée par l’agence Côté Soleil Expéditions, voici le récit de cette aventure sur le toit de l’Afrique, à 5 895 mètres d’altitude.
La vie dit-on est un long voyage. Alors autant la vivre comme une aventure. En offrant la possibilité à des professionnels du tourisme de gravir le mont Kilimandjaro, le réseau Cediv Travel se démarque par son audace et son esprit d’initiative.
Les rênes de cette expédition sont confiés à l’agence Côté Soleil Expéditions basée à Boulogne-sur-Mer. Fondée et dirigée par l’ancienne sportive de haut niveau Isabelle Mislanghe, cette entreprise est membre du Cediv. Un atout précieux dans l’organisation d’une telle équipée.
Un sommet enneigé qui fascine toujours
Bien qu’il ne nécessite pas de compétences techniques particulières pour l’escalader, le Kilimandjaro (ou Kilimanjaro) au nord-est de la Tanzanie fascine les alpinistes du monde entier. Ayant effectué au milieu des années 90 un safari dans le parc Amboseli (Kenya) situé à proximité, j’avais comme été happé par cette montagne. De vieilles photos argentiques témoignent toujours du caractère majestueux de l’endroit. Je n’aurais jamais pensé qu’un jour j’aurai l’opportunité de faire son ascension.
Coiffé de glaciers et de neiges dites éternelles (qui ne le seront pas toujours), le massif du Kilimandjaro domine les vastes étendues de la savane et l’incroyable faune africaine. Il se compose en réalité de trois volcans dormants, le Shira, le Mawenzi et le Kibo, cône le plus haut du continent africain qui culmine donc… à 5 895 mètres.
Tout commence à l’hôtel Aishi Machame, près de la ville de Moshi, non loin de la frontière kenyane. Situé à moins de trente minute en voiture de l’entrée du Parc national du Kilimandjaro, ce lodge possède une jolie piscine au cœur d’un jardin luxuriant. La détente avant l’effort.
La voie Machamé, le meilleur itinéraire pour s’acclimater
Préparés et équipés comme jamais, trente candidats à la montée du Kili avec à leur tête Adriana Minchella, la présidente du Cediv, se présentent à la porte Machamé à 1 800 mètres d’altitude. La voie Machamé est l’une des six routes dessinées pour dompter la montagne mythique. « C’est l’itinéraire qui favorise la meilleure acclimatation et qui offre les plus beaux paysages » résume Isabelle Mislanghe. Connue aussi sous le nom de « Whisky route », la voie Machamé (65 kilomètres au total), plutôt engagée physiquement par ses nombreuses montées et descentes, s’effectue normalement en sept jours (5,5 jours de montée, 1,5 jour de descente).
« On ne stresse pas, et surtout buvez de l’eau »
À Machamé Gate, des voyageurs en provenance de tous pays sont présents. Des locaux proposent une ribambelle de drapeaux nationaux. « Ils ont le sens du commerce » remarque Richard Soubielle (Alest Voyages) qui non sans humour indique la direction du mont Fuji à des Japonais prêts à en découdre avec le Kili. Après avoir signé le registre à l’entrée du parc, Isabelle secondée par sa fille Constance Viandier nous délivre les derniers conseils : « Vous mettez un pas devant l’autre. Regardez la jungle. On ne stresse pas, et surtout buvez de l’eau ». Jusqu’à 4 litres par jour. Un impératif pour ne pas sombrer.
Cette première journée est longue. Près de huit heures de marche et 1 200 mètres de dénivelé positif. Elle donne le ton de ce que sera la suite de l’expédition. Si le Kilimandjaro est « accessible à tout bon marcheur désireux d’atteindre le sommet », une bonne condition physique s’impose. En amont, nous avons fait un certain nombre d’examens médicaux. Un électrocardiogramme (ECG), classique, mais aussi le test de l’hypoxie qui vise à évaluer sa capacité d’adaptation à l’altitude. Afin de prévenir le mal aigu des montagnes (MAM), un médicament, le Diamox, nous est fortement recommandé pour mieux s’acclimater.
On entend des cris stridents d’animaux, un peu comme dans un documentaire animalier
Sur un sol rendu boueux par la pluie, on se rend compte tout de suite que ça monte. En chef de file, Adriana Minchella mène la troupe. Elle est courageuse. Malgré son handicap à la jambe, elle ne veut pas qu’on lui prenne son sac à dos et tient à franchir tous les obstacles. Dans cette forêt tropicale dense et humide, on entend des cris stridents d’animaux. Un peu comme dans un documentaire animalier à la télévision sauf que là on est dans le poste.
Comme nous sommes un groupe conséquent (30 personnes), Isabelle et Constance ont mandaté deux chefs-guides, Fredy et Yesse, pour nous encadrer. Yesse Lema, qui au passage en 2016 était le recordman mondial de la montée du Kilimandjaro en seulement… 12 heures via la voie Umbwe, la plus directe. Les deux hommes coordonnent une petite troupe de quelque 130 personnes (guides, aspirants guides, cuisiniers, porteurs) toutes dévouées à notre service. Plus qu’un luxe, un privilège.
C’est en fin de journée que nous arrivons à Machamé Camp, 2 835 mètres d’altitude selon les autorités locales. Partis après nous, les porteurs ont déjà installé le bivouac. Les petites tentes bicolores oranges et bleues sont numérotées et montées. Des bassines d’eau chaude pour une rapide toilette sont avancées. Les repas sont pris en commun sous la grande tente mess. De vrais moments de partage et de convivialité. Olivier de la Houssaye (Carib Voyages à Boulogne-Billancourt) nous sert une bonne soupe fumante. Rien de tel pour se réchauffer.
« Celui ou celle qui n’a pas bu ses quatre litres d’eau se met en danger »
La tente mess, c’est également l’endroit tout indiqué pour le briefing du lendemain. Isabelle s’y colle. Elle durcit son discours. « Celui ou celle qui n’a pas bu ses quatre litres d’eau se met en danger. Réfléchissez-bien ! Si vous souhaitez continuer et qu’après vous ne pouvez plus, il sera difficile de vous redescendre » annonce la spécialiste des raids aventure extrême. Cela jette un froid dans l’assemblée. Et nous fait surtout prendre conscience qu’il faut avoir avalé le contenu de son foutu camelback de trois litres avant la fin de chaque étape.
Sous la tente, bien calé dans son drap de soie et son sac de couchage grand froid – 30°, on refait le match de la journée. Mon binôme d’expé Jules Guerineau (commercial Assurever) s’interroge sur la suite de l’aventure, « vais-je y arriver ! ». Il n’y a pas vraiment de plan B. De toute façon l’idée est d’aller jusqu’au bout. À condition aussi de s’y retrouver dans ses affaires. Durant la semaine, je passerai mon temps à ouvrir et fermer mes sachets plastiques zippés pour chercher paire de chaussette, t-shirt ou caleçon. Qu’on me pardonne mais quand Madame n’est pas là, tout devient plus compliqué.
Pause de trois minutes pour ajuster ses vêtements, le même tarif pour aller faire pipi
Adriana Michella et quelques autres personnalités du tourisme ayant passé le relais au camp de Machamé, ce sont donc 26 personnes qui poursuivent l’aventure sur les pentes du Kilimandjaro. Avec pour objectif du jour le camp de Shira situé à 3 750 mètres. S’il subsiste encore des bruyères géantes en début d’ascension, la végétation se raréfie au fur et à mesure que l’on grimpe. Le climat devient aussi plus froid. À ce stade de la montée, il faut savoir jouer avec ses différentes couches de vêtements. Normalement il en faut quatre : dessous thermique en laine mérinos, veste polaire, doudoune et veste de type Goretex. Des pauses de trois minutes sont accordées pour passer d’une tenue à l’autre. À peu près le même tarif pour aller faire pipi. Ce n’est pas toujours aisé de trouver un buisson ou un rocher derrière lequel se soulager quasiment toutes les heures.
Des toilettes sont portées à dos d’homme jusqu’à chaque camp
Le camp est préparé lorsqu’on arrive. Il y a toujours du thé aux couleurs du Kili, parfois du pop-corn en abondance lorsqu’on se pose sous la tente mess. Pendant que certain(e)s discutent ou se reposent, d’autres jouent aux cartes : au Tarot ou au Uno. En terminant l’étape peu après la mi-journée, cela laisse en effet du temps pour récupérer. De recharger les batteries du bonhomme comme celles de son smartphone. Une bonne batterie externe est utile si on ne veut pas tomber en rade pour prendre des photos. On n’oublie-pas non plus de prendre deux fois par jour son demi Diamox, le diurétique qui aide à l’acclimatation, et qui donne aussi des fourmillements dans les mains. Détail d’importance, des toilettes portées nous suivent à chaque camp.
« Morning tea » et pastilles micro-pur dans le camelback
Chaque matin, le rituel est le même. Un « morning tea » est proposé dans la tente par le staff cuisine pour se réveiller en douceur. On range ensuite comme on peut ses affaires dans le sac porteur. Ce dernier ne doit pas excéder un poids de 12 kilos. D’ailleurs, tout a été vérifié et pesé avant le départ. Une organisation quasi militaire mais indispensable au bon déroulé de l’expédition. Place ensuite à un solide petit-déjeuner. Il faut également préparer son camelbak en y insérant des micro pastilles pour purifier l’eau. « T’as pas sur toi du Diamox, je te donne des pastilles micro-pur ». Dans le groupe, de petits trocs s’opèrent. Au nom de l’entraide et de la solidarité. Et toujours dans la bonne humeur.
Les porteurs, les forçats du Kili
À peine sommes-nous repartis que les porteurs ont déjà tout démonté. Mais comment font-ils pour aller aussi vite et porter sur leur dos et leur tête jusqu’à 25 kilos, peut-être plus, de toile de tente, chaises, vaisselle… « Ils ont tout mon respect et mon admiration » proclame Fanny Cuzin (Cediv Travel). D’autant que nous, nous ne portons qu’un petit sac à dos avec seulement quelques effets chauds, des barres de céréales et de l’eau pour la journée.
Babybel et saucisson pour nous récompenser
De Shira Camp (3 750 mètres) nous nous dirigeons vers la Lava Tower (4 630 mètres). En chemin, Flora Lambert (Cimes Evasion à Saint-Jean-de-Sixt), qui est déjà allée sur le Mont-Blanc et qui possède une montre altimètre, nous indique la barre des 4 000. La plupart des trekkeurs du groupe ne sont jamais allés aussi haut. « Bravo, vous avez franchi un beau palier. Si vous avez quelques symptôme du MAM (maux de tête, nausées, étourdissements, insomnies…), c’est normal. On va continuer de s’acclimater » nous dit la chef d’expé qui tout au long du parcours sait aussi nous récompenser avec du saucisson, un rocher Suchard ou un Babybel. Une petite pluie nous oblige à sortir nos magnifiques ponchos. Ceux qui avaient gardé le ticket de caisse et prévu de restituer les imperméables à Decathlon en cas de non utilisation en sont pour leurs frais.
Sur le parcours, des séneçons géants pris dans un décor de brume s’offrent à nos yeux. Dans cet univers minéral, ce sont les derniers végétaux vivants qui puissent être photographiés à cette altitude. Nous redescendons jusqu’à Barranco Camp (3 900 mètres). Ces phases de montée et de descente dans la même journée sont importantes car elles permettent d’habituer l’organisme au manque d’oxygène. En soirée, la fondatrice de l’agence Côté Soleil Expéditions nous prend le niveau de saturation en oxygène dans notre sang à l’aide d’un oxymètre. « 92, waouh, c’est un très bon score ». Me voilà rassuré.
« Polé, polé » sur l’impressionnant mur de Barranco
De l’énergie et de la volonté, il en faut le lendemain pour affronter le redoutable mur de Barranco. Une paroi verticale de presque 300 mètres de haut et un vrai défi pour les personnes qui ont le vertige. Sur un revêtement pierreux, on doit parfois s’aider des mains et même faire de grandes enjambées au-dessus du vide. Sophie Bigot (Esprit Voyages à Yvetot) qui craignait cette ascension s’en sort très bien. Elle n’a même pas vu le « rocher du bisou », sans doute le passage le plus technique de ce Barranco Wall. « Polé polé » (doucement, doucement) nous répètent inlassablement guides et porteurs qui nous montrent la voie. Leurs chants nous encouragent et nous insufflent ce surcroît de force supplémentaire.
« Bois de l’eau, bois de l’eau »
Au sommet, dans ce décor grandiose, on prend la pause. Les guides se font un plaisir de nous prendre en photo. Une table est même dressée – quelle performance – avec au choix thé, café ou pancakes. Dans le groupe, il y a toujours quelqu’un qui nous rappelle que c’est l’heure du Diamox. D’autres trekkeurs de passage nous regardent un peu circonspects. L’itinéraire se poursuit vers le camp de Karanga (3 995 mètres) avec là encore son lot de montées et de descentes. Toujours l’acclimatation. « Bois de l’eau, bois de l’eau » lance à la cantonade Flora. À destination, un hélicoptère qui tournoie dans le ciel nous rappelle que la montagne est souveraine. Le porteur victime d’un MAM est secouru. Les émotions se succèdent. Au crépuscule, le ciel s’empourpre et nous offre un magnifique coucher de soleil.
« Grasse matinée, réveil à 06h45 »
Lors du briefing du soir, Constance nous félicite pour « la belle cohésion de groupe » et le fait de nous trouver « en forme et enthousiastes ». « Demain, enchaine-t-elle, grasse matinée, réveil à 06h45. Nous marcherons environ quatre heures jusqu’à Barafu Camp (4 673 mètres). Nous allons quitter le paysage de steppe pour rentrer dans un paysage de désert alpin ».
En ce cinquième jour de marche, Barafu Camp constitue le dernier camp d’altitude avant la montée nocturne jusqu’au sommet, « la journée du déni » comme l’a surnommée Emilie Bernaud (Ellipse Voyages à Béziers). Dans cet environnement aride et dégagé, le climat est rude mais la vue est belle. On voit ce qui nous attend mais on ne mesure pas vraiment l’effort à fournir.
« Il n’y a rien d’impossible, vous en êtes tous capables »
Lors de son dernier brief, Constance Viandier nous rappelle « qu’à 200 mètres près, nous avons dans la journée atteint l’altitude du Mont-Blanc, ou pour les Parisiens, plus de 14 fois la Tour Eiffel ». Cependant il faut vite se projeter sur l’ultime ascension, « il n’y a rien d’impossible, vous en êtes tous capables » affirme la responsable qui cite Albert Camus dans la dernière phrase du mythe de Sisyphe : « La lutte vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme ».
Le vent s’est levé. Il souffle fort. Très fort même. Initialement prévu à minuit, le départ de la montée finale est décalé à trois heures du matin. Pour mieux nous préserver et éviter une trop longue marche de nuit qui pourrait nous décourager, expliquent bienveillantes Isabelle et Constance.
« Strong heart, strong mind ! »
Emmitouflés dans nos tenues quatre épaisseurs, lampe frontale vissée sur le front et bâtons de marche en main, nous démarrons la dernière ascension sous un ciel venteux et étoilé. Malgré des chaufferettes coincées entre les sous-gants en soie et les gants de ski, mes doigts sont engourdis. Combien fait-il avec ce vent à décorner les bœufs, « – 15°, peut-être – 25° en ressenti ». « Strong heart, strong mind » martèle le staff. Le chef-guide Yesse qui a déjà gravi l’Everest s’est d’ailleurs fait tatouer ce précepte sur son avant-bras.
« Jambo, jambo buena », les guides nos anges gardiens
Nous sommes toujours 26 téméraires, et pas moins de 24 guides, avec à leur tête Fredy et Yesse, pour nous escorter. « J’en avais encore 9 en renfort, prêts à intervenir » indique Isabelle Mislanghe. « Ce sont nos anges gardiens. Ils voient tout et savent à quel moment nous avons besoin d’un petit coup de pouce » souligne Emmanuelle Llop (Equinoxe Avocats). C’est clair, sans eux on ne pourrait probablement pas monter. Et lorsqu’ils entonnent en chœur « Jambo, jambo bwana ! Habari gani ! Kilimanjaro, hakuna matata », ce chant swahili très populaire en Afrique de l’Est, cela nous donne beaucoup de courage pour tracer notre chemin.
Du paracétamol et des anti-nauséeux si besoin dans la poche gauche de sa Goretex, des barres de céréales et gels énergétiques dans la poche droite (c’est le code convenu avec les guides), nous poursuivons notre avancée avec le camelback coincé entre la polaire et la doudoune pour éviter que l’eau ne gèle. Salim Beghdadi (Atlas Voyages à Marseille) n’a pas cette chance. Il a peut-être oublié de souffler dans le tuyau pour en chasser l’eau.
Couleurs rouges-orangées dans le ciel tanzanien
Même si le pas est lent et le souffle court, on ne voit pas le temps s’écouler. Peu avant six heures du matin, le jour se lève au-dessus des montagnes. Comme une (re)naissance. Tout simplement magique. Cette palette rouge-orangée dans le ciel tanzanien, impossible de l’oublier. Pas facile non plus de sortir la main de son gant pour immortaliser le moment.
« Nice to the top ». Pas vraiment le temps de s’arrêter car le sommet est encore loin. Le vent souffle en permanence. Et il fait toujours un froid glacial. On ne va pas lâcher maintenant. Non, impossible. La lumière s’intensifie. Elle est désormais très forte. Masques et lunettes sont indispensables. Les premières neiges sont déjà là.
En file indienne, nous avançons comme des automates
Vers 10h00, nous atteignons Stella Point, 5 756 mètres. Déjà une petite victoire ! Cela mérite bien une énième photo. Il reste encore 140 mètres pour atteindre Uhuru Peak (en swahili, le pic de la liberté), le sommet du continent africain perché à presque 6 000 mètres. En file indienne, calés dans les pas du guide, nous progressons à un rythme extrêmement lent sur la lèvre du cratère. « Polé, polé » nous assène-t-on encore. Avançant comme des automates, nous mettrons près d’1h30 pour parvenir au sommet. Dans cet interminable couloir de neige et de glace, personne ne parle. Chacun demeure concentré sur son effort. Et sa souffrance. On ne triche pas. C’est un combat avec soi-même. Ca y est ! Nous y sommes. Le Kibo. 5 895 mètres, le toit de l’Afrique. Un kilomètre plus haut que le Mont-Blanc, c’est dingue. Comme quoi ce n’est pas forcément la taille des muscles qui compte mais bien le mental.
Tout là-haut, une émotion indescriptible nous envahit. Tout le monde a réussi. Fouler les neiges éternelles du Kilimandjaro. Comme une envie spontanée de s’éteindre. De vider ce trop plein d’émotions. Difficile de ne pas pleurer. « Nous avons été choyés. Nous avons été chéris et extrêmement bien entourés. C’est fabuleux. Je souhaite à tout le monde de vivre cette expérience qui nous a transformés. C’est une véritable leçon de vie » résume sur le retour Emilie.
« J’ai pleuré au sommet » avoue de son côté Salim ». Venue en compagnie de ses deux enfants, Fabienne déploie quant à elle une banderole « Kilimandjaro 2024, pour papa ». La Manche est également très fier d’envoyer un de ses représentants sur le toit de l’Afrique.
Dans la descente, nous sommes complètement cuits
Après les incontournables photos et selfies au sommet de cette montagne nimbée de nuages, il faut vite songer à redescendre (c’est finalement l’autre moitié du voyage). Isabelle nous le fait comprendre, « à cette altitude, on peut pas rester plus de dix minutes ». Le long retour s’effectue via la Mweka Gate (1 640 mètres). La descente n’est pas forcément un exercice facile. Mes pieds s’en souviennent. Malgré l’immense satisfaction d’avoir atteint le Graal, les organismes sont fatigués. Les bâtons de marche aussi. La journée semble interminable. Environ 15 heures d’activité (1 200 mètres de dénivelé positif, 1 900 mètres de dénivelé négatif). Nous sommes complètement cuits. Nous passons une dernière nuit (réparatrice) en bivouac à Millenium Camp (3 800 mètres). Teonas, le chef cuisinier et toute son équipe qui n’est plus à une prouesse culinaire près, nous a confectionné un gâteau à la banane. Un gâteau estampillé Côté Soleil.
Sur l’ultime partie descendante, nous retrouvons la végétation luxuriante propre à la forêt tropicale. Ici ou là on peut voir des singes colobes se balancer de lianes en lianes. Sitôt passée la porte de Mweka, nous allons signer le registre de fin de périple, la matérialisation concrète de notre exploit. Pour quelques dollars, on nous nettoie les chaussures. Vivement la douche aussi.
Un diplôme au milieu des chants et des danses
À l’issue de cette formidable aventure, une grande fête nous attend. Isabelle et Constance nous remettent une médaille qu’on arbore fièrement. Les guides et porteurs nous délivrent un certificat d’escalade. Au milieu des chants et des danses, on s’autorise une bière Kilimandjaro. La première depuis longtemps.
Mère et fille ont préparé cette expédition depuis plus de six mois. On ne peut que les remercier. « J’ai été bluffée par l’implication personnelle et la discipline de chacun. Trois jours avant que l’on atteigne le sommet, je savais que ça allait passer » raconte Isabelle Mislanghe qui savait précisément qui mettre devant pour donner le rythme. « Nous avons réussi ce pari fou de former une vraie équipe. Nous sommes montés ensemble » poursuit l’ancienne championne.
« Nous ne sommes pas des héros mais nous avons accompli un exploit »
Le retour à la civilisation n’est pas douloureux. À peine les premiers posts publiés sur les réseaux sociaux que les messages d’admiration et de félicitations abondent. Un peu comme si nous avions marché sur la lune. « Nous ne sommes pas des héros mais nous avons accompli un exploit » déclare très justement Emmanuelle. Un exploit pour la vie. Voire même l’exploit d’une vie.
Venue à la rencontre des glorieux trekkeurs à la porte de Mweka, Adriana Minchella se dit également fière d’avoir entrainé des personnes aux « profils complètement différents ». « Nous avons fait la fait la démonstration de notre force de caractère et notre volonté. Nous sommes l’exemple d’un collectif très uni et très fort » déclare la présidente du Cediv qui réfléchit déjà à un autre voyage emblématique, « peut-être un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle ». Encore un de ces voyages que l’on se plaira à raconter au coin du feu quand les forces viendront à nous manquer. Le plus tard possible.
Retrouvez ici les témoignages émouvants des participants.
L’entretien avec Adriana Minchella, présidente du Cediv.
Un focus sur l’agence Côté Soleil Expéditions d’Isabelle Mislanghe et Constance Viandier.
Les guides et porteurs, nos soutiens, nos anges-gardiens
Sans eux rien ne serait possible. Les guides et porteurs jouent un rôle déterminant pour qui veut s’attaquer à l’ascension du Kilimandjaro. « Ils étaient toujours là pour nous. Dès que nous avions un souci, ils bondissaient de nulle part pour nous porter aide ». « Je n’ai jamais vu des gens comme ça. Ce sont des surhommes ». « Ils savaient lorsque nous avions besoin d’un petit coup de boost ». « Je suis en admiration, ils sont tous tellement gentils ». « Et quand ils chantaient c’était difficile de ne pas retenir ses larmes ». Lors de cette récente expédition via la voie Machamé, les avis sont unanimes, guides et porteurs sont étroitement liés à la réussite pour atteindre le toit de l’Afrique.
Un minimum de 3 – 4 porteurs par personne
Les effectifs ne sont pas négligés. Notre groupe de 30 participants est encadré par un staff total de 130 personnes : deux chefs-guides (Yesse et Fredy), une dizaine de guides, une centaine de porteurs (dont 7 pour les WC) parmi lesquels des aspirants guides, des cuisiniers…. « Les autorités du parc imposent un minimum de 3 – 4 porteurs par personne, et 1 guide pour 2 – 3, selon le nombre d’individus dans le groupe » souligne Constance Viandier de l’agence Côté Soleil Expéditions, précisant aussi que « certaines dérogations sont accordées dans le cadre d’expéditions particulières ou de trails de vitesse ». C’est le chef-guide qui constitue son équipe. « Impossible de monter sur le Kilimandjaro s’il n’y a pas une équipe constituée de guides et de porteurs locaux » affirme la chef d’expé chez Côté Soleil Expéditions.
Les porteurs effectuent un travail remarquable en ce sens qu’ils portent, bien souvent sur leur tête, tout le matériel nécessaire à l’installation du bivouac : les tentes, les chaises, les sacs de couchage, les tapis de sol, des denrées alimentaires, l’eau et donc même les toilettes. Un dur labeur totalisant jusqu’à 20 – 25 kilos de matériel. Peut-être plus. Pas toujours bien vêtus et chaussés, ils transportent également notre sac dans lequel figurent nos affaires de la semaine pour le trek. Vérifié et pesé, celui-ci ne doit pas excéder un poids de 12 kilos. À noter que certaines femmes endossent cette fonction.
Une école à Moshi pour former les guides
Partis chaque jour après nous, les porteurs arrivent avant nous pour installer le bivouac. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, tout est déjà prêt lorsque nous terminons notre étape. Tout est parfaitement maitrisé et coordonné. Les guides qui chapeautent les porteurs s’assurent que la camp est bien organisé et installé au bon endroit.
Porteur c’est la voie royale pour espérer un jour devenir guide. Entre les deux, il y a le statut d’aspirant guide. « Il y en a 12 qui sont montés avec nous sur la dernière ascension. Ils s’entrainent et sont là pour découvrir le métier de guide » affirme Constance Viandier qui explique que ces aspirants guides se forment à cette noble profession à l’école de Moshi dans le nord de la Tanzanie. Un diplôme couronne leur parcours au bout d’un an. « Ils passent en réalité peu de temps à l’école, environ un mois pour par exemple apprendre les gestes de premiers secours, et passent beaucoup de temps sur le terrain pour se familiariser avec l’univers de la montagne ».
« Les pourboires font partie intégrante de la culture locale »
Il existe une culture de versement du pourboire pour une montée sur le Kilimandjaro. « Les pourboires font partie intégrante de la culture locale. En général le chef-guide reçoit autour de 20 dollars par jour ; le cuisinier, 8 dollars ; le porteur, 6 dollars… » complète Constance Viandier qui dans ses contrats garantit des pourboires « compris entre 250 et 350 dollars par personne pour une expédition sur le toit de l’Afrique ». « Quand on les voit, ils sont exceptionnels, ils le méritent vraiment » ajoute la responsable. Personne ne dira le contraire en effet.
Chaque année, 45 000 personnes toutes nationalités confondues s’engagent sur l’ascension du Kilimandjaro. « Le taux de réussite est d’environ 60% » déclare Constate Viandier.
Les 30 aventuriers (du 29 janvier au 8 février 2024)
- Anne-Laure Amet (Planète Vacances à Traenheim, Bas-Rhin).
- Justine Couland (médecin).
- Salim Beghdadi (Atlas Voyages à Marseille).
- Olivier de la Houssaye (Carib Voyages à Boulogne-Billancourt).
- Richard Soubielle (Alest Voyages à Paris).
- Djawed Kacedali (Mer et Soleil à Roubaix).
- Emilie Bernaud (Ellipse Voyages à Béziers).
- Emmanuelle Llop (Equinoxe Avocats à Paris).
- Christophe Cuzin (Ellipse Voyages à Béziers).
- Fanny Cuzin (Cediv Travel à Béziers).
- Agnès Gallien (Break Evasion à Tarbes).
- Tiphaine Heem (Kit Voyages à Lille).
- Adrianan Michella (présidente du Cediv).
- Ghislaine Homond (Flash Voyages à Maisons-Alfort, Val-de-Marne).
- Flora Lambert (Cimes Evasion à Saint-Jean-de-Sixt, Haute-Savoie).
- Ericka Perret (association ARAM à Baillargues, Hérault).
- Anne-Sophie Lecarpentier (Périer Voyages à Lillebonne, Seine-Maritime).
- Sophie Bigot (Esprit Voyages à Yvetot, Seine-Maritime).
- Benoit Peradon (entrepreneur BTP).
- Pierre Doucet (Terre d’Ailleurs à Bourges).
- David Savary (journaliste, Paris)
- Jules Guerineau (commercial Assurever, région Grand Ouest).
- Nadine Lasnier (Carib Voyages à Boulogne-Billancourt).
- Fabienne Marta Evangelista (Evenemen’ciel à Viuz-en-Sallaz, Haute-Savoie).
- Arnaud Marta Evangelista (fils de Fabienne).
- Diego Marta Evangelista (fils de Fabienne).
- Isabelle Mislanghe (Côté Soleil Expéditions à Boulogne-sur-Mer).
- Constance Viandier (Côté Soleil Expéditions à Boulogne-sur-Mer).
- Matthieu Abautret (client de l’agence Côté Soleil Expéditions).
- Alexandre Moren (client de l’agence Côté Soleil Expéditions).