24 Heures du Mans : « le bruit c’est mythique »

Invité par le territoire Pays du Mans, j’ai eu le privilège d’assister les 11 et 12 juin aux 24 Heures du Mans, probablement la plus grande course automobile au monde. Un soleil radieux, des tribunes pleines et 62 bolides au départ, les ingrédients étaient réunis pour faire de cette 90ème édition un succès. Reportage.

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Offertes au public, les 62 voitures se préparent pour le départ. ©David Savary

L’envahissement de la piste par le public à l’issue de la course est une tradition. Après deux années compliquées liées à la crise sanitaire, cet élan spontané a retrouvé toute sa raison d’être. Dimanche 12 juin, venus en nombre les spectateurs se sont précipités peu après 16 heures sur l’asphalte iconique du Mans pour saluer les pilotes victorieux sur le podium. Dans un joli désordre, ils immortalisent ce moment en prenant photos et selfies. Un peu plus loin vers la courbe Dunlop, certains ramassent des morceaux de gomme laissés par les pneus des voitures. Souvenir !

« La population du Mans multipliée par 1,5 »

244 200 spectateurs pour cette 90ème édition, c’est le chiffre annoncé par l’Automobile Club de l’Ouest (ACO), l’organisateur de la célèbre course d’endurance. Ce n’est certes pas le record (263 500 en 2016, beaucoup plus dans les années 50 ou 60) mais cela montre que l’engouement pour cet évènement ne se dément pas. « Durant quelques jours la population du Mans est multipliée par 1,5 avec selon les années jusqu’à 50 000 anglais ou 30 000 danois » explique Nicolas Pelletier, guide conférencier sur le circuit des 24 Heures.

En ville, on ressent tout de suite l’effervescence liée à la course. Des fanions partout. Les vitrines des commerçants sont aux couleurs de l’évènement. Boulangers, pâtissiers, artisans-chocolatier exposent de petites voitures en chocolat. Les restaurateurs proposent des « menus 24 Heures ». Pratiques et rapides. Ceux qui ne sont pas logés aux abords du circuit déambulent tranquillement dans la vieille-ville. Ils en profitent aussi pour découvrir ses richesses et nombreux attraits.

La Grande Parade des pilotes dans le centre-ville

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La Grande Parade des pilotes, un moment toujours attendu dans la ville du Mans par les spectateurs. ©David Savary

Pour moi c’est le vendredi 10 juin que tout commence. C’est le jour de la Grande Parade des pilotes, la 26ème du nom organisée par l’association Classic Automotive. Sous le parrainage d’Henri Pescarolo (33 participations et quatre victoires aux 24 Heures), les 186 pilotes défilent dans le centre-ville à bord de magnifiques voitures d’époque. La musique donne du rythme. Les cadors du volant se montrent disponibles. Ils prennent la pose et acceptent volontiers de signer des autographes. Sébastien Buemi, Brendon Hartley ou Kamui Kobayashi, pilotes stars chez Toyota, écurie invaincue depuis 2018, ouvrent le défilé. Natifs du Mans, Sébastien Bourdais et Julien Canal sont aussi acclamés. Mais ce ne sont pas forcément eux qu’on guette le plus. La star hollywoodienne Michael Fassbender fait sensation. L’acteur d’ « Inglourious Basterds » de Quentin Tarantino ou de « X-Men » joue également le jeu des autographes et des selfies. L’écurie Iron Dames, une équipe 100% féminine tout de rose vêtue, capte également l’attention. Tout comme le polonais Robert Kubica, vainqueur d’un Grand Prix de Formule 1 ou l’octuple champion du monde des rallyes Sébastien Ogier. Et puis il y a ce gamin, l’américain Josh Pierson qui à seulement 16 ans devient le plus jeune pilote de l’histoire des 24 Heures.

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Le polonais Robert Kubica en compagnie d’un pilote italien. ©David Savary

Tout au long du parcours, des goodies sont envoyés à la foule massée derrière les barrières. Les casquettes, bracelets ainsi que les photos des pilotes sont très appréciés. Les t-shirts aussi. En début de parade, un p’tit groupe se jette à l’arrière d’une voiture pour en saisir quelques-uns. « Ah merde, c’est un XXL » déplore une femme d’une quarantaine d’années. Cela n’empêche pas la bonne ambiance. La Grande Parade des pilotes demeure un moment festif, souvent le prélude d’une course animée et enthousiasmante.

Non loin de la cathédrale Saint-Julien, la Grande Parade des pilotes régale petits et grands. ©David Savary

« J’ai installé un lit dans mon camion »

Le lendemain matin tôt, je me dirige vers le circuit. Pas d’embouteillage mais un public déjà nombreux. Certains passionnés sont même là depuis le début de la semaine. Comme Laurent, agent Renault basé à Clermont-Ferrand, qui vient au Mans depuis 1995. « Je suis seul et j’ai installé un lit dans mon camion » explique-t-il. Côté déplacement, Marc le parisien a plus de chance. Il possède une maison familiale à la Chartre-sur-le-Loir, ancien camp de base de l’écurie Aston Martin distante d’une quarantaine de kilomètres du circuit. « C’est mon fils Eliott qui fait beaucoup de karting qui m’a fait venir » précise-t-il. En venant pour la deuxième fois au Mans, père et fils kiffent l’ambiance moteur, « le bruit c’est mythique » s’enthousiasme Marc au moment où le warm-up (tour de chauffe ou tour de mise en place) démarre.

Il est vrai que le vrombissement des moteurs participe à la magie de la course. Mieux vaut toutefois ménager ses oreilles. Les boules quies sont recommandées. Les casques anti-bruit se vendent bien, 30 euros l’unité. Beaucoup d’enfants en sont équipés. Laurent le clermontois ne veut pas de tout ça. Son truc, c’est de reconnaitre les autos à l’oreille. « La Corvette, c’est un bruit rock ; la Porsche un son plus métallique ; la Ferrari, c’est plus aigu » tente-t-il d’expliquer. Présent dans la tribune longeant la ligne droite des stands, ce fan d’Alpine – il en possède deux, une A110 et une GTA V6 Turbo -, est conscient que la voiture française ne pourra pas rivaliser avec les Toyota grandes favorites de l’épreuve. Cela ne l’empêche pas de shooter les voitures qui passent avec son appareil photo. « À chaque édition, j’en prend en moyenne 2 500. Les plus belles, j’en fais des posters » affirme ce pur passionné.

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Sage décision que de protéger les oreilles des enfants. ©David Savary

Il est 11h20. Le soleil tape. La deuxième manche de l’épreuve « Road to Le Mans » s’élance. Pour beaucoup de pilotes en devenir, c’est l’occasion de briller devant des dizaines de milliers de spectateurs durant les 55 minutes que dure la course. Baptiste qui habite à côté du circuit a convié son pote Augustin. Pour cet étudiant en droit à Paris Dauphine, c’est la première fois. Il se régale et trouve le spectacle « incroyable ».

Les teams règlent les derniers détails

Avec mon accès presse, j’en profite pour faire un tour dans le paddock. Les stands des écuries sont tous aussi clinquants les uns que les autres. Ça en jette ! À l’intérieur, teams managers, ingénieurs et mécanos s’affairent sur les ultimes préparatifs. Une véritable petite ruche où chacun joue son rôle. Invités par un sponsor, Esther et son fiston n’en perdent pas une miette. « Quand je vois le travail des ingénieurs, je me rend compte que c’est très très technique » confie la maman visiblement impressionnée.

Les heures s’égrènent vite. Le départ de la plus grande course d’endurance au monde se rapproche. Bruno Vandestick, « la voix du Mans », présente les voitures et les pilotes en provenance de 30 nationalités. Ils concourent dans quatre catégories : Hypercar (prototypes conçus spécifiquement pour l’endurance), LMP2 (prototypes conçus pour des écuries privées), LMGTE Pro (voitures routières grand tourisme) et LMGTE AM (voitures routières grand tourisme mais autorisant des pilotes amateurs). Les membres du public qui disposent d’un pass Gridwalk sont sur la grille, au plus près des conducteurs et de leur bolide. Natif du Mans, le tout jeune retraité du tennis Jo-Wilfried Tsonga est là. Pour la première fois lui aussi.

« Messieurs les pilotes, allumez les moteurs »

« La température de l’air est de 24°, la température de la piste est de 46° » annonce le speaker. Vu des tribunes, on sent la tension qui monte. Au bout de quelques minutes, familles, invités sponsors, VIP doivent évacuer la grille. Les différents teams s’alignent sur la piste, quasiment au garde à vous. 15h35, la Marseillaise est jouée. Puis un hélicoptère de l’armée fait le show avec des militaires qui descendent en rappel. Enfin arrive le traditionnel passage de la patrouille de France. Pendant ce temps-là, après qu’un technicien ait mesuré la température de l’asphalte passée à 56°, les équipages décident au dernier moment de changer de pneus. Un joli ballet synchronisé au sein des stands.

Et c’est parti pour 24 heures. ©David Savary

Il est bientôt 16 heures. « Messieurs les pilotes, allumez les moteurs » enjoint le starter de la course. Sous les vivats de la foule, ils s’exécutent. Grand Marshal de cette 90ème édition, Gérard Larousse, double vainqueur des 24 Heures du Mans en 1973 et 1974, est chargé de guider les 62 voitures lors de la procédure de départ. À bord de la « Leading Car », il les précède puis s’efface au moment où ils entrent dans la ligne droite des stands. 16h00 pétantes, les fauves sont lâchés. Devant nous, les moteurs tournent à plein régime. C’est une nouvelle claque pour nos tympans mais c’est ce que le public réclame. Premier virage, premier accrochage. Un peu partout sur le circuit, des écrans géants permettent de bien suivre la course.

Les Toyota mènent le bal, le Village s’anime

En léger retrait de la piste, le Village propose de nombreuses animations. Au niveau de l’entrée principale un Mirage 2000 est présenté. L’occasion pour l’Armée de l’Air d’étaler son savoir-faire. L’Armée de Terre est également bien représentée. Un peu plus loin, les gens font la queue pour s’installer dans un baquet et courir en mode virtuel. À proximité, des stands de constructeurs affichent leur plus beau modèle. Une place de choix est accordée aux mobilités du futur et au développement durable. La Green Experience ne désemplit pas. Tout comme le pôle « Hydrogène », des tentes en forme de bulles vantant l’équipe H24Racing et son prototype électrique hydrogène qui a couru lors des deux manches de « Road To Le Mans ». Probablement le futur de l’automobile. Fidèle au Mans depuis plus de 25 ans, Laurent, lui, ne veut pas en entendre parler, « le jour où c’est électrique, je ne viens plus ».

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La foule déambule dans le Village et du côté de la Fan Zone. ©David Savary

Retour dans les tribunes. Comme prévu les Toyota mènent le bal. Alpine n’est pas à la fête. Logés dans un camping attenant, Bernard et sa fille Emilie sont là en habitués. Pour la neuvième fois. « Mon autre fille n’a pas pu venir car elle est enceinte. Quant à la maman, elle est restée à la maison, trop fatiguant, et surtout elle ne veut pas dormir sous la tente » avoue le père de famille. Maitrisant enfin la technique pour prendre correctement en photo ces monstres de puissance roulant à plus de 300 km/h, ils font aussi de la vidéo, « pour capter un peu bruit » disent-ils dans un sourire timide. Un plus tard ils se rendront au célèbre virage de Mulsanne. Et le lendemain, nouvelle marche, cette fois en direction du Tertre-Rouge avant d’enchainer sur le virage d’Arnage, « c’est notre petit rituel chaque année » déclare Bernard qui reviendra aussi pour la course de voitures anciennes « Le Mans Classic » du 30 juin au 3 juillet.

La journée touche à sa fin. Les voitures, elles, continuent de tourner sur les 13, 626 km du circuit. Il faut parait-il les voir de nuit. Parce c’est à ce moment qu’elles offrent un jeu de lumière extraordinaire. Et parce que c’est souvent la nuit qu’ont lieu les plus gros rebondissements. J’en suis convaincu mais après le diner en centre-ville mon endurance, au contraire de celle des voitures, montre quelques limites. Je préfère revenir tôt le lendemain matin.

Les Stanglers le samedi soir, la messe le dimanche matin

Le dimanche est aussi le jour du Seigneur. Au virage de la chapelle, cela ne s’invente pas, une messe est célébrée en extérieur. Beaucoup de scouts et des chants religieux qui couvrent à peine le bruit des moteurs. Le tableau est surprenant. Renseignement pris, c’est une tradition qui remonte aux années 30. Devant la minuscule chapelle, le prêtre et les fidèles gardent un œil sur la course. Toyota est toujours devant, l’Alpine a connu des problèmes mécaniques durant la nuit. Ce sont les Glickenhaus, des prototypes américains qui occupent les troisièmes et quatrièmes places. Au sein du public, l’ambiance est bon enfant. Petite sieste, crème solaire et mots croisés sont aussi de la partie. Des cochons de lait rôtissent à la broche. De grandes tablées se forment. Plaisir d’être là.

Il fait toujours aussi chaud. Quelques instants après l’office, je croise Ian, un anglais originaire de Plymouth dans le sud-ouest du pays. Il a peu dormi. La veille au soir, il est allé voir les Stranglers, un vieux groupe de musique britannique. La météo est raccroc avec leur plus gros tube, « Always the sun » sorti au milieu des années 80. « Le concert, c’était bien mais c’était très très fort » affirme Ian. « Après avoir écouté les Stranglers hier soir, plus rien ne me dérange au niveau bruit » explique-t-il en rigolant. Ayant déjà visité Le Mans les années précédentes, il reste au camping avec son van. Budget total, entrées comprises : « 1 000 euros pour deux personnes ». Les deux amis sont bien organisés, table de pique-nique, barbecue, bières et aussi cubi de vin rouge. Un bonheur simple quoi !

Au niveau du virage en S du Tertre-Rouge, après la passerelle Dunlop, Michel, 76 ans, semble peinard sur sa chaise pliante. « C’est calme cette année. Il n’y a pas de concurrence » me dit-il. Avant de se rappeler « Jacky Ickx qui gagne avec 120 mètres d’avance en 1969, c’était autre chose ». Au début des années 60, le jeune Michel venait sur le site avec sa mobylette et dormait sur place dans l’herbe. Résidant à Yvré-L’Evêque, pas très loin d’ici, son gendre va venir le récupérer car il a « des problèmes de genoux ». Mais Michel a un avantage, il connaît « tous les bons plans pour se garer gratuitement ». Cela peut servir en effet.

« J’adore l’odeur de la gomme qui chauffe »

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Originaires de Seine-et-Marne, Mégane et Lisa reviendront l’année prochaine. ©David Savary

Se placer au niveau des virages est intéressant. Car cela permet d’assister aux phases de décélération, freinage et accélération des voitures. Un son bien particulier qui fait vibrer beaucoup de monde. Les hommes et les femmes (cinq pilotes engagées) comme les machines sont soumis à rude épreuve. Il faut les voir se dépasser à fond dans les courbes. Comme le fait remarquer un spectateur, « ça envoie ». Un peu en hauteur avec vue sur un écran géant, Mégane et Lisa, casquettes siglées vissées sur la tête, sont aussi de la fête. Les deux copines venant de Seine-et-Marne ont été conviées par un ami résidant au Mans. « En fait, nous avons visité le Musée de l’Automobile l’an dernier, et c’est cela qui nous a donné envie de venir » précise Mégane. Et alors cette première fois, « une sacrée ambiance, j’adore l’odeur de la gomme qui chauffe » déclare la plus bavarde. Vous reviendrez ? « Ouiiiiii » répondent-elles en chœur dans un grand éclat de rire.

Vivement l’édition du centenaire

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Trouver le bon angle, c’est pas facile, il y a tellement de monde. ©David Savary

Fans zones, concerts, fête foraine… tout est fait pour divertir le spectateur et lui procurer de belles émotions. Et c’est vrai que depuis 1923, la magie au Mans opère toujours. Sans surprise cette année, c’est la voiture N°8 du Toyota Gazoo Racing, avec au volant le Suisse Sébastien Buemi qui signe là sa quatrième victoire, le néozélandais Brendon Hartley et le japonais Ryo Hirakawa, qui a remporté la 90ème édition avec 380 tours parcourus (soit 5 177 km avec une pointe établie à 342,3 km/h). Décevant beaucoup de ses fans, l’Alpine finit quant à elle à une anonyme 23ème place. Seulement huit voitures ont abandonné.

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Peugeot devrait revenir pour le centenaire l’an prochain avec ce modèle. ©David Savary

Espérant davantage de suspense et de bagarres en piste, beaucoup de spectateurs rencontrés ont déjà les yeux rivés sur la prochaine édition, celle du centenaire avec le retour de certaines écuries comme Peugeot, Ferrari, Porsche ou Cadillac, dans la catégorie reine des hypercars. « C’est incroyable de gagner une nouvelle fois, j’espère qu’il y aura encore plus de monde l’année prochaine » déclare Sébastien Buemi sur le podium. Voilà qui promet. Le rendez-vous est pris pour les 100 ans des 24 Heures les 10 et 11 juin 2023.

« Nous avons fait notre voyage de noces sur le circuit du Mans en 1985 »

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Jacques et Liliane, unis pour la vie et la passion de l’automobile. ©David Savary

Assis sur leur chaise pliante, Jacques et Liliane attendent bien sagement que les spectateurs quittent le circuit de la Sarthe après l’arrivée de la course. « Nous avons le temps » affirme ce plombier-chauffagiste à la retraite qui reprendra en soirée le volant de son camping-car pour regagner Nantes, là où vit le couple.

Car Jacques, Le Mans, il n’en est pas à son coup d’essai. « Cela fait 50 ans que je viens ». Dès ses 17 ans, son père l’entraine sur le circuit, « pour me faire plaisir » dit-il. Et de se souvenir de « la première victoire de l’équipe Matra Simca Shell en 1972, ça m’a impressionné et j’ai adoré l’ambiance ». Depuis il ne manque aucune édition. Adorant le bruit procuré par le moteur des voitures, il évoque ces évolutions au fil du temps, comme « l’obligation du cockpit fermé » ou « les buttes de terre qui ont été remplacées par des bacs à graviers ». Présent avec son épouse depuis le mercredi pour les essais, Jacques trouve qu’il y a « moins de spectacle qu’auparavant ».

Lorsqu’il rencontre Liliane alors puéricultrice, il l’entraine à son tour sur les 24 Heures. « J’ai suivi » déclare-t-elle. « Nous avons fait notre voyage de noces ici en 1985. Nous dormions dans la voiture » ajoute-t-elle en souriant. Pas vraiment l’image de plages paradisiaques que l’on s’imagine pour une lune de miel mais ils ont adoré. Et la passion ne s’érode pas avec le temps. Jacques fait donc le déplacement dans la Sarthe depuis 50 ans, Liliane 37. Voyageant désormais en camping-car, le couple reconnait que l’épreuve mancelle représente un budget. « 89 euros la place, plus 70 euros pour l’emplacement du véhicule quatre jours au camping » précisent-ils. « Pour mes 80 ans l’an prochain, j’espère que Monsieur Fillon (Ndlr, Pierre Fillon, président de l’Automobile Club de l’Ouest qui a en charge de l’organisation des 24 Heures du Mans) nous enverra une invitation. Demandez-lui » conclut Liliane en prenant la main de son mari.

1 600 commissaires bénévoles mobilisés sur l’un des circuits les plus longs au monde

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Le circuit du Mans totalise 13,626 km. Avec ses 38 virages, c’est l’un des plus exigeants et plus longs au monde. « Il faut environ quatre semaines de préparatifs pour le mettre en place pour les 24 Heures » déclare le guide-conférencier Nicolas Pelletier. Empruntant à « 70% des routes départementales ouvertes au public toute l’année, il est privatisé le temps de la course » poursuit le spécialiste. Durant l’épreuve, vêtus de leur tenue orange, les commissaires de piste guettent le danger, agitent leurs drapeaux et veillent à la sécurité du grand circuit. « Ce sont les mains et les yeux du directeur de course » ajoute Nicolas Pelletier précisant qu’il y a 70 postes de commissaires pour environ 1 600 bénévoles présents durant les 24 Heures. L’équipe médicale n’est pas en reste puisqu’elle mobilise au total « 350 personnes dont 40 médecins urgentistes ». Des véhicules d’intervention (Medical Cars, Fire Cars, Safety Cars, manitous, dépanneuses…) se tiennent prêts à tout moment. « Sous les ordres d’un directeur de course désigné par l’organisateur ACO et d’un directeur de l’épreuve nommé par le FIA, une quarantaine de personnes sont installées dans le PC Course » affirme Nicolas Pelletier. Une quarantaine de caméras placées tout au long du parcours « découpé en 35 zones » leur donnent toutes les indications nécessaires. « Tous les départs de piste sont en lien avec les commissaires en chef, lesquels sont en contact direct avec la direction de course. Tout est surveillé et tout cela est très bien huilé » explique le guide-conférencier.

Le circuit du Mans en quelques chiffres

  • Palmarès constructeur : Porsche, 19 victoires.
  • Pilote le plus victorieux : le Danois Tom Kristensen avec 9 victoires.
  • Record de participations : le Français Henri Pescarolo , 33 fois.
  • Record de distance parcourue : 5 410, 713 km (397 tours) en 2010 par l’Audi R15+ TDi de Timo Bernhard, Romain Dumas et Mike Rockenfeller.
  • Record du tour : 3’14’’791 (251,882 km/h de moyenne) par le pilote Toyota Kamui Kobayashi en 2017.
  • Arrivée la plus serrée : Bruce McLaren et Chris Amon (Ford) avec 20 mètres d’avance en 1966 sur Ken Miles et Denny Hulme (Ford).
  • Ecart le plus important : 349, 808 km d’écart en 1927 entre la Bentley de Dudley Benjafield et Sammy Davis, et André de Victor et Jean Hasley (Salmson).

Le Pays du Mans fête ses 20 ans

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Le Pays du Mans est un syndicat mixte ouvert (avec le conseil Départemental de la Sarthe) créé en octobre 2002. Il fédère aujourd’hui six Communautés de Communes représentant 321 000 habitants répartis sur 92 communes. Cette année, la Communauté de Communes de la Champagne Conlinoise et du Pays de Sillé au Pays du Mans ont rejoint le Pays du Mans. Le territoire a pour objet « d’accompagner des projets et des thématiques inscrits dans une stratégie de complémentarité ville-campagne ». Il est également « un espace d’animation et de mutualisation au service de ses collectivités membres et des acteurs de son territoire ».

David Savary

Rédacteur en chef
Contact: david.savary@sport-et-tourisme.fr

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